[80 ans de Batman] Focus sur Bob Kane : Le papa de Batman
Publié le 22 janvier 2019 par Mathieu
Pour fêter les 80 ans de Batman, nous vous proposons de revenir tout au long de l’année sur les artistes qui ont construit sa légende. On débute avec le premier qui nous passe par la tête lorsque l’on parle de l’histoire de Batman : Bob Kane, son créateur ! 🙂
Origines et premiers travaux
Bob Kane, comme il est connu aujourd’hui dans l’industrie des comics, est né sous le nom de Robert Kahn. Il est le fils d’Augusta et Herman Kahn, tous deux d’origine juive et venus d’Europe de l’Est. La fibre artistique est un talent qui se transmet à travers les générations chez les Kahn, puisque le père du futur créateur de Batman était graveur.
Le jeune Robert fréquente le lycée secondaire DeWitt Clinton High School, où il fréquente un certain Will Eisner, dessinateur et futur créateur de Spirit. Une fois diplômé, Robert Kahn change de nom et devient légalement Robert Kane, américanisant ainsi son ancien nom de famille. Il poursuit ses études à Cooper Union, dans le domaine de l’art, avant de rejoindre le studio Max Fleischer comme stagiaire en 1934.
C’est deux ans plus tard, en 1936, qu’il fait ses premiers pas dans la bande dessinée. Il rédigea en tant que travailleur indépendant la BD Wow, What A Magazine !, du rédacteur en chef Jerry Iger.
L’année suivante, Kane se mit à travailler pour le second studio d’Iger : Eisner & Iger.
Ce studio fut l’un des pionniers dans la sous-traitance de la BD. En effet, ils produisirent des BD à la demande des éditeurs entrant dans ce nouveau média au cours de son âge d’or, de la fin des années 1930 jusqu’aux années 1940.
Parmi ses travaux, il y avait Peter Pupp, une série humoristique animalière. Cette série est publiée dans le magazine de BD britannique Wags avant d’être reproduite dans le titre Jumbo Comics de Fiction House. Kane réalisa également des travaux via Eisner & Iger pour deux sociétés qui fusionneront plus tard pour former le label DC Comics. Il travaillera sur Ginger Snap, une série humoristique chez More Fun Comics, et Oscar the Gumshoe pour Detective Comics. Il travaillera également sur la série Professor Doolittle pour Adventure Comics. Sur ce titre, il réalisa son premier comics d’aventure Rusty and his Pals.
Les débuts de Batman
Au début de l’année 1939, le succès de DC Comics avec le super-héros Superman dans le magazine Action Comics incita les rédacteurs en chef à se creuser la tête pour publier d’autres super-héros. C’est suite à cet appel d’offre que Bob Kane a conçu le Bat-Man. Le créateur expliqua avoir été influencé par plusieurs éléments : le film Zorro avec l’acteur Douglas Fairbanks, le diagramme de Léonard de Vinci de l’ornithopère (une machine volante aux énormes ailes en forme de chauve-souris), et le film Bat Whispers de 1930 basé sur le roman policier de Mary Rinehart The Circular Staircase.
Bill Finger rejoint le studio naissant de Bob Kane en 1938. Écrivain en herbe et vendeur de chaussures à temps partiel, il a rencontré Kane lors d’une soirée. Ce dernier lui propose plus tard le job d’écrivain fantôme pour le travail d’écriture sur les séries Rusty et Clip Carson. Il y aurait encore tellement de choses à dire sur l’influence qu’a eu Bill Finger sur la naissance de Batman, mais pas de panique, un article lui sera bientôt consacré ! Sachez cependant que Bob Kane déclarera que Bill Finger a été un atout majeur pour Batman. Il est néanmoins dommage qu’il ne l’ait déclaré qu’une fois que ce dernier ne soit passé de vie à trépas.
Batman a fait ses débuts dans le magazine Detective Comics n°27 (en mai 1939) et a été un véritable succès. En moins d’un an, Kane a embauché les assistants d’art Jerry Robinson (initialement comme encreur) et George Roussos (artiste de fonds et lettreur). Bien que ces derniers travaillaient dans le studio de Kane, ce dernier préférait souvent travailler chez lui.
Peu de temps après, alors que DC Comics souhaitait plus d’histoires sur Batman que le studio ne pouvait lui en produire, la société leur affecta Dick Sprang et d’autres employés au titre d’artistes fantômes. Le tout sous la supervision de Bob Kane.
L’écrivain Gardner Fox, futur scénariste de la série Justice League, a écrit certains des premiers scripts, y comprit le dyptique The Monk qui présentait certains des premiers équipements du Batman.
En 1943, Bob Kane laisse à d’autres le soin de gérer les aventures de Batman dans les séries régulières, et ce, afin de se consacrer à la publication d’histoires du chevalier noir dans la presse. Cela n’a duré que trois ans, avant que le créateur de l’homme chauve-souris ne reprenne en main les aventures de notre héros fétiche dans les séries régulières.
Les indispensables du Batverse, présents dès l’âge d’or
Encore une fois, Bill Finger sera un pion essentiel dans la création de Robin. Il inspirera Kane durant de longues conversations. Vous connaîtrez son réel impact dans l’article qui lui sera consacré prochainement.
Malgré l’implication de Finger dans la conception de Robin, il serait réducteur d’affirmer que Kane n’ait fait que prendre les idées de son acolyte pour créer le personnage. Ainsi, Kane se souvint qu’il avait déjà pratiqué de la sorte en créant un personnage secondaire pour Peter Pupp. Il proposa d’ajouter un jeune garçon du nom de Mercury portant lui aussi un super costume. C’est Robinson qui suggéra à Kane d’inclure un humain tout à fait normal répondant au nom de Robin. Ce nom lui vint tout droit des livres de Robin des bois qu’il lisait durant son enfance.
La création de Robin a pour but d’élargir l’identification du lectorat afin que les jeunes enfants puissent s’identifier au jeune prodige, tout en permettant aux plus âgés de s’identifier à Batman. De plus, un peu à l’image de Sherlock Holmes et du Dr Watson, Robin était le personnage idéal pour interagir avec Batman et créer un dialogue dans la série.
Finalement, ce nouveau personnage fut créé comme étant un artiste de cirque orphelin répondant au nom de Dick Grayson, devenant le jeune pupille de Bruce Wayne dans le n° 38 de Detective Comics (en avril 1940). Robin sera une véritable source d’inspiration pour les autres auteurs de l’âge d’or des comics.
Pour le lancement du n°1 du nouveau magazine Batman, le Joker fut introduit sans savoir qu’il deviendrait la véritable Némésis du chevalier noir de Gotham ! Au départ, il n’était pas prévu que le Joker survive plus de quelques épisodes.
Les origines de sa création sont cependant controversées. Jerry Robinson revendiquera jusqu’à sa mort avoir créé le Joker. Selon Bob Kane, c’est Finger et lui qui l’ont créé. Ce dernier ressemble à Conrad Veidt, l’acteur de The Man Who Laughs, film de 1928 basé sur le roman de Victor Hugo. Ce serait en voyant une photo de l’acteur que Finger affirma qu’il serait le Joker. Kane déclara que Jerry Robinson se contenta de leur apporter une carte à jouer, réduisant ainsi son impact sur la création du personnage.
Il semble certain que Kane soit le créateur exclusif de Double-face, selon l’historien de la BD Les Daniels. De même, Catwoman, qui ne portait à l’origine aucun costume et présentée comme le chat, a été inspirée partiellement par sa cousine Ruth Steel. Kane a également créé l’Épouvantail et a même dessiné sa première apparition dans l’univers de Batman. Il est également crédité de l’incarnation originale de Clayface. Un doute subsiste cependant sur la création du Pingouin, Kane s’attribuant les mérites au même titre que Finger.
Vous l’aurez compris, Kane ne s’est pas contenté de créer Batman, mais bien la grande majorité des personnages récurrents près de 80 ans après sa création.
Fin de carrière dans les comics
C’est en 1966 que Kane prendra sa retraire du monde des comics afin de se consacrer aux beaux-arts. Diminuant au fil des ans ses activités sur Batman, il devint petit à petit une célébrité de second rang. L’après comics lui permis de travailler dans l’animation télévisée. Il créa pour ce média les personnages Courageous Cat et Cool McCool.
Il fera des expositions dans les galeries d’art en tant que peintre, mais comme pour ses planches de Comics, certaines de ses peintures ont été produites par des artistes fantômes.
DC Comics nomma Kane en 1985 parmi les membres d’honneur de l’entreprise à l’occasion de son 50e anniversaire ! En 1989, Kane publia l’autobiographie Batman and Me, suivie d’un second volume en 1996 intitulé The Saga Continues.
Il travailla en tant que consultant dans le film Batman de Burton en 1989 ainsi que pour ses trois suites.
Reconnaissances
Kane fut intronisé au Jack Kirby Hall of Fame en 1994 ainsi qu’au Will Eisner Comic Book Hall of Fame en 1996. Le 21 octobre 2015, il reçoit à titre posthume une étoile sur le Walk of Fame à Hollywood pour son travail cinématographique.
Les oeuvres de Kane font partie des collections du musée d’art moderne de New-York, du musée d’art américain Whitney et de l’université St. John’s.
Conclusion
Bien qu’il soit un créateur à l’image plus que controversée, Robert Kane est celui qui a su guider Batman durant les premières années de son existence. Sans lui, peut-être n’aurions nous jamais connu un personnage aussi charismatique que l’homme chauve-souris. Bob a su poser les bases solides d’un univers riche peuplé d’une pléthore d’alliés et d’ennemis consolidant le mythe du chevalier noir !
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