Critique de Titans saison 2 : L’essai n’est pas transformé
Publié le 24 février 2020 par Andresy
Alors que Titans revient sur Netflix, Batman Legend se penche sur sur cette très attendue suite d’une première saison certes imparfaite mais truffée de bonnes idées et proposant – enfin – une vision originale et un peu plus adulte (paradoxal pour une histoire de jeunes héros) de l’univers DC.
La saison 1 s’était terminée sur un épisode coup de poing, violent et sombre. Qu’en est-il de la suite ? Les attentes étaient fortes. Mais force est de constater que les promesses de cette première saison ne sont – hélas – pas tenues. Voici donc notre analyse.
Previously, on Titans …
Pour celles et ceux qui auraient manqué la saison 1, je peux les renvoyer à la fort pertinente et détaillée critique d’Alexandra. En quelques mots, il nous avait semblé que DC avait – enfin – appris de ces erreurs.
Le Arrowverse qui était parti sur des bases intéressantes, avec des personnages un tant soit peu complexes, s’essoufflait depuis quelques années, victime d’une édulcoration, ton devenu trop léger et de saisons interminables.
Titans avait donc surpris. DC repartait sur un format court. Une ambiance sombre, violente parfois. Des personnages extrêmement contrastés, des références subtiles mais intelligentes au Batverse. Une interprétation intéressante. Nous étions nombreux à le comparer au Daredevil interprété par Charlie Cox. Un récit adulte, sans concession, devenu référence en la matière. Certains choix nous avaient déroutés (Starfire très différente des comics, Dick Grayson bien plus sombre qu’à l’accoutumée). Mais la réalisation et le ton mature l’avaient emporté. Et l’épisode final assez mémorable laissait entrevoir bien des choses intéressantes.
Le début de la fin … ou la fin du début
Tout commence donc avec un épisode – très – déroutant. On avait effectivement eu vent que ce premier épisode de la saison 2 avait été initialement été prévu pour le final de la saison 1. On peut épiloguer longtemps sur les raisons de ce découpage saugrenu : envie de vouloir finir la première saison sur un fan service explosif ? Contrat de Iain Glen non finalisé ? Difficile à dire. Mais toujours est-il que – sans vouloir trop spoiler – le puissant Trigon va se faire botter les fesses en quinze minutes par sa Raven de fille (on se demande encore comment il ne l’a pas vue venir) et on va très vite découvrir que le grand antagoniste de la saison 2 sera … Deathstroke. Entendons-nous bien : Slade Wilson est un personnage très intéressant de l’Univers DC. Cependant, même en comptant sur l’imagination de scénaristes qui peuvent être inspirés, il est difficile d’avaler que Raven – seule – puisse se débarrasser de Trigon en un instant, tandis que la Team Titans va mettre (au moins ?) une saison à se défaire d’un Deathstroke bien plus humain. Et rabaisser Trigon au rang de figurant pour deux épisodes.
Pour dire vrai, à cet instant précis du visionnage, on a très vite une sorte d’appréhension inconsciente : la manie de DC à “casser ses jouets” et à faire des revirements scénaristiques et artistiques à l’emporte-pièces (Zack Snyder doit faire un sourire navré si il me lit). Et on craint le pire pour les épisodes à venir. Et on n’a pas forcément tort…
De l’autre côté du miroir
De choix scénaristiques, donc, il va être question. Et sans grand étonnement, la pléthore ( ! ) de scénaristes qui vont se suivre épisode après épisode, sont au moins d’accord sur une chose : pour arriver à rendre le combat entre Deathstroke et la TT crédible (je n’ai pas forcément dit intéressant), il faut faire en sorte de disloquer la jeune équipe. On va donc assister à une sorte de miroir de la saison 1 : la Team Titans va se désunir après s’être réunie. Classique mais efficace, à défaut d’être original. Et bien évidemment le piège qui se referme sur la timeline de la série : on va très rapidement suivre des destins et tribulations parallèles (forcément très inégales) de chacun des sous-groupes (souvent réduits à des duos).
L’intérêt et l’empathie s’effondrent donc assez vite malgré de bonnes (encore et toujours) idées. Je citerai notamment deux bonnes surprises : Rose Wilson / Ravager (interprétée par Chelsea T. Zhang) et Conner / Superboy (Joshua Orpin). Car paradoxalement, ce sont bien les nouveaux venus qui amènent un réel intérêt à cette saison, notamment, dans ces deux cas, grâce à une ambivalence bienvenue. L’exploitation éclatée des autres personnages laisse ces protagonistes dans des arcs scénaristiques qui ont tendance à tourner en boucle, ce qui est bien dommage. L’exemple parfait en est le couple Dove / Hawk qui ne manquent ni de charisme, ni de profondeur, mais dont on a du mal à saisir le rôle.
C’est un peu le symptôme récurent de cette saison : chacun vit son aventure dans son coin et le rassemblement final sonne assez faux, tant il est téléphoné. En conséquence, certains personnages se perdent dans leurs aventures. Starfire est clairement en retrait. On comprend mal le positionnement scénaristique de Jason Todd (par ailleurs toujours interprété par l’excellent Curran Walters) qui se retrouve encore plus largué par Bruce Wayne. Et surtout, c’est long. Paradoxe assez frustrant pour une série au format court (13 épisodes).
My name is Wayne, Bruce Wayne
C’était LA grande attente (en tous cas pour moi) : Iain Glen dans le rôle de Bruce Wayne. Et là, grande déception : l’alchimie ne prend pas. De multiples raisons à cela, et à mon sens indépendant des qualités de l’acteur (dont je suis un inconditionnel dans Game of Thrones). La vision de Bruce Wayne (et on parle bien de Wayne, pas de Batman, qui sera absent de la saison) par les scénaristes et directeurs de la série est à des années lumières du (ou des) Bruce Wayne que l’on connait ou imagine. A la place d’un quadragénaire sombre, déterminé et névrosé, on se retrouve avec un dandy quinquagénaire romantique à la chemise en soie blanche. Et qui a tendance à parler comme Yoda. Façon grand sage à l’humour décalé en haut de la montagne. Paradoxalement, et (presque) sans rire, Glen était plus impressionnant dans les Resident Evil. Mention spéciale cependant, à la séquence où Dick hallucine en rêvant Bruce se déhancher sur la scène d’un cabaret, improvisant un Batusi assez inoubliable et tout en hommage à Adam West.
On a donc un Bruce Wayne tout sourire, plein de compassion. Et un Dick encore plus sombre, encore plus névrosé et traumatisé que dans la saison 1. Je veux bien croire que cela serve le scénario (sans spoiler), mais on a un vrai problème de dualité inversée entre les deux personnages. Le saut de Foi consiste donc à adhérer à cette version d’un Dick Grayson plus Batman que Robin, au final. On est loin du jeune prodige. C’est à se demander si les scénaristes n’ont pas confondu Dick et Jason.
Autre problème : Deathstroke. Autant le personnage était impressionnant dans la seconde saison d’Arrow, brutal, violent et assez fascinant. Autant, Esai Morales ne colle pas au rôle à mon sens. Ou plutôt, la version froide, calculatrice de Wilson proposée par les scénaristes ne convainc pas. On est loin de la machine à tuer que le mercenaire est sensé représenter. Là aussi, on peut avancer des raisons scénaristiques que je ne dévoilerai pas pour ne pas spoiler, mais au final, il semble bien que ce scénario dessert une grande partie de la vision des personnages. Les scènes de combat de Deathstroke sont assez réduites (un comble) mis à part un final (attendu) contre la Team Titans menée par Nightwing
Nightwing au 13ème round
On l’aura donc attendu presque deux saisons entières. Nightwing arrive. Si le costume est convaincant (il rappelle cependant pas mal celui de Christian Bale dans The Dark Knight Rises) et le plaisir d’enfin le voir arriver, le chemin pour y parvenir et la façon dont le costume “arrive” dans la série m’ont (encore) laissé sur ma faim. Ceci étant, cette version du costume de Nightwing est assez conforme à la vision brutale du Dick que les scénaristes ont décidé nous concocter.
Le treizième épisode (et vrai final) de la saison tient plutôt ses promesses. Ce qui est un minimum, tant le milieu de la saison a été un “ventre vide”. Et laisse entrevoir (juste ce qu’il faut) ce que pourrait être la troisième saison.
Conclusion
Il faut donc espérer que DC retiendra des erreurs des deux premières saisons pour enfin nous servir une série plus équilibrée et compacte, loin des circonvolutions et des errances de cette seconde saison, finalement assez décevante.
- Des nouveaux venus réussis
- L’arrivée attendue de Nightwing
- Une réalisation globalement de bonne qualité
- Un découpage de la saison déroutant
- Certains rôles décevants
- Un Dick Grayson bien plus sombre qu’à l’accoutumée
On reste connecté ? 🙂
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Bien le bonsoir au vu de l’heure à la quelle je redige ce commentaire, tres bonne heure pour Batman cela dit. Personnellement la saison 2 m’a bien plus. J’ai aimé le developement des personnages et Superboy est magnifique dans sa recherche de qui il est et de ce qu’il veut devenir. L’idée de lui mettre Krypton est interessante. Bruce Wayne ne colle pas vraiment à l’idée que l’on peu avoir de lui mais on peu ce dire que c’est peut etre juste une image/ façade qui cache sa vrais nature car il ne colle pas avec la description de Dick dans la saison 1. Parcontre point faible de la saison pour moi c’est la mise en place de la saison 3 avec Stafire et j’ai eu un peu de mal avec Jason Todd pendant son moment love for ever. Autre point negatif que je citerai c’est Aqualad qui aurait merité un peu plus de place et la sortie, pour le moment, de Wondergirl (j’en dis pas plus pour pas spoiler). Sinon oui le 1er episode est un gachis monumental. Dommage.
Nocturne