Critique du film animé Justice League : Crisis on infinite Earths – Part 1

Publié le 20 mars 2024 par

Aquaman 2 ayant définitivement clos le DC Extended Universe lui-même hérité du SnyderVerse (RIP) et le tandem James Gunn / Peter Safran prenant tout son temps pour démarrer son reboot cinématographique, les amateurs peuvent se tourner vers les films d’animation. Après une longue séquence consacrée (approximativement) à l’univers Renaissance (New 52) avec le DC Animated Movie Universe, DC a soufflé le chaud et le froid avec des ratages monumentaux (Justice League : Injustice) ou de vraies réussites artistiques (Batman : La Malédiction qui s’abattit sur Gotham). Cette nouvelle séquence débutée avec Superman : Man of Tomorrow voit donc ici une conclusion de taille puisque DC et Warner Bros. Entertainment s’attaquent à un monument : le gigantesque cross-over Crisis on Infinite Earths. sorti en 1985 et qui a durablement marqué l’univers DC jusqu’au monument suivant, le non moins légendaire Flashpoint.

Comme évoqué précédemment, adapter une œuvre aussi dense, riche et emblématique n’est pas chose aisée, en particulier en animation où les standards actuels ne cessent d’évoluer. Alors où se situe donc cet opus ? Nous allons tenter d’apporter les réponses dans les lignes qui suivent.

Coffret Blu-ray Justice league crisis on infinite earths - Part 1

Synopsis

La mort arrive. Pire que la mort : l’oblivion. Pas seulement pour notre Terre, mais pour tout le monde, partout, dans tous les univers ! Contre cette destruction ultime, le mystérieux Monitor a rassemblé la plus grande équipe de super-héros jamais réunie. Mais que peut faire la puissance combinée de Superman, Wonder Woman, Batman, The Flash, Green Lantern et de centaines de Super Héros de multiples Terres pour sauver toute la réalité d’un armageddon d’antimatière imparable !

Encyplopaedia Multiversalis

En 1985, Marv Wolfman à l’écriture et George Pérez au dessin couchent sur le papier ce qui est devenu une référence de l’univers DC et plus largement des comics : Crisis on Infinite Earths.

Sans revenir sur l’analyse (forcément incomplète) d’une œuvre qui comporte près de cent cinquante chapitres (issus de nombreuses séries DC), il faut toutefois recontextualiser a minima l’œuvre en elle-même, qui jettera les bases (chez DC) du concept de Crise.

Donc, au début des années 1980, DC est un peu à la traîne de Marvel et peine à sortir de l’âge de bronze des comics (Moore et Miller n’ont pas encore frappé). De plus, l’univers DC s’est considérablement complexifié avec un multivers qui sentait la bonne affaire mais devient ingérable à long terme.

Wolfman propose donc de faire table rase de cette joyeuse pagaille et propose de scénariser rien de moins que la destruction de la quasi-totalité du multivers DC en introduisant le concept de Crise qui sera finalement repris (sans forcément reprendre ce nom) à chaque fois que DC aura besoin d’un bon coup de balai avant de relancer ses ventes.

Nettoyage de printemps à l’anti-matière chez DC.

On comprendra donc qu’adapter une telle œuvre (qui reste par ailleurs assez clivante en terme de critique et d’accueil) ne peut se faire qu’en apportant un soin particulier à l’adaptation. Ce qui consiste, pour le dire autrement, à choisir ce que l’on va raconter, comment on va le raconter et sous quelle forme.

Pour rappel : la dernière fois que DC et Warner ont voulu s’attaquer à un concept de cette taille, cela a donné la catastrophe Justice League : Injustice qui prétendait résumer 5 années de comics en … une heure.

La première information était donc rassurante… avant même d’avoir visualisé la première image, on sait que l’adaptation comptera …. trois parties. Et c’est donc de la première partie dont nous allons parler.

Crise d’animation

La première chose qui saute aux yeux dans un animé c’est bien justement l’animation. Alors, autant être direct et dire rapidement que le gros point faible de l’œuvre est justement l’animation.

Le graphisme n’est pas désagréable, même si très franchement il ne brille pas par sa richesse. Le trait est simple mais la caractérisation graphique des personnages (et pour certains, de leurs variantes) est tout à fait correcte.

A l’opposé, malgré un générique plutôt réussi (merci les CGI), l’animation est clairement indigne de l’ambition d’une telle œuvre. Que ce soit dans les moments de dialogues ou les scènes d’action, les 4 ou 5 images par seconde (et je suis large) rendent souvent l’animé proprement irregardable. Et cela est d’autant plus frustrant quand on comprend (rapidement) que le personnage central de cet opus est … Flash himself.

Et si … on racontait une histoire ?

On attendait donc le réalisateur Jeff Wamester et son équipe au tournant, en particulier sur le scénario, forcément différent du matériau initial. A cet égard, on peut donc louer deux intentions originales

  • La première consiste à placer Flash au centre du récit de cette première partie, ou bien, en tous cas, à une place bien plus importante que celle qu’il occupait dans le comic. Il est vrai que ses pouvoirs lui permettent de “sauter” d’une réalité à l’autre, d’un univers à un autre, ce qui est un moyen intéressant de présenter le contexte de cette Crise. De fait, on suit (on essaye …) deux histoires : l’histoire intimiste de Flash (plutôt bien racontée et assez attachante) et l’état et le début de la destruction du multivers.
  • La seconde consiste, par conséquence, à utiliser une narration éclatée. Intéressant (pour ne pas dire obligatoire, vu le scénario), voire ambitieux mais très casse-gueule pour plusieurs raisons (au-delà du fait que n’est pas Christopher Nolan qui veut) : ce type d’exercice nécessite une gestion du timing parfaite et ce n’est clairement pas le cas car l’animé souffre réellement d’un manque de rythme. Et par ailleurs, les différents “sauts” souffrent de déséquilibres scénaristiques flagrants et sont traités par dessus l’épaule.

Mais, pour revenir à ce qui fait tâche, un tel parti-pris aurait nécessité une animation parfaite, ou au moins de bonne qualité pour souligner et mettre en valeur cette narration. Or, ce n’est clairement pas le cas, et au final, cela dessert fondamentalement l’œuvre.

Il y a donc un vrai problème d’équilibre entre des choix narratifs qui peuvent paraître ambitieux et les moyens techniques qui sont finalement chichement déployés pour les implémenter.

Une exploration des univers un peu brouillonne mais intéressante

The Mighty Monitor

Le choix de mettre Flash au centre de l’action est – peut-être – basé sur une logique de mode ou de facilité mais par voie de conséquence, ce choix a tendance à faire passer au second plan (pour ne pas dire au rang de figurants) certains ténors (OK, on peut appeler cela la Trinité, bien que je déteste ce terme) voire en occulter d’autres.

Le Monitor … Cet être étrange …

Plus compliqué est le cas du Monitor, qui est quand-même le pivot du récit original. Cet être surpuissant, de dimension cosmique (qui n’est pas sans rappeler le Gardien de la Maison aux Idées) débarque dans le récit sans être réellement introduit. De-même, la menace (au-delà de cette vague d’anti-matière interdimensionnelle dont on comprend la puissance mais dont la fulgurance est très variable en fonction des instants du récit) n’est pas identifiée. Cela viendra sans doute plus tard mais pour qui ne connait pas le récit original, toutes ces informations sont un peu balancées comme on vide le sac de pièces d’un puzzle sur la table. C’est peut-être l’effet recherché au final.

The (true) Flash

Si on devait cependant garder un point positif de ce premier chapitre, ce serait vraiment le traitement apporté à Flash. En effet, le personnage est parfaitement caractérisé. Il traverse (au sens propre et figuré) l’animé en trainant son pouvoir comme une malédiction, tout en cherchant/assumant/vivant le grand Amour.

L’animé rend vraiment hommage à ce personnage et montre son héroïsme et son humanité avec délicatesse et subtilité. Dans ce malström multiversel où tout s’effondre, il apparaît comme une lumière dans la nuit et ce traitement continue (dans le cadre des animés … et de la série télévisé sans doute) de rendre Flash extrêmement sympathique et sans doute l’un des héros les plus positifs de l’univers DC..

Un héros aux pouvoirs immenses mais profondément humain

De quoi regretter encore plus son traitement cinématographique.

To be continued

Pour conclure, je dirai que l’animé est loin d’être réussi mais pour autant ne constitue pas un ratage. L’animation honteuse en fait une œuvre désagréable à regarder mais les choix narratifs et le graphisme en font paradoxalement une histoire intéressante à (essayer de) suivre.

Avec Flash, on n’en n’est jamais à un paradoxe près. Laissons donc à DC et Warner le bénéfice du doute et espérons qu’ils sauront continuer ce récit avec deux nouvelles parties qui permettront de développer une histoire qui mérite de l’être et de corriger une animation qui le nécessite à tout prix !!

Les points forts :
  • Un Flash attachant, humain et bien défini comme souvent dans les animés ;
  • Un multivers orginal ;
  • Une histoire qui essaie de prendre le temps de se poser.
Les points faibles :
  • Une animation de piètre qualité ;
  • Une narration éclatée peu concise, hélas ;
  • La mise en place de l’équipe précipitée.
Les notes
Scénario Note Scénario Réalisation Note réalisation Dessin Note Dessin Note globale Note Globale

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Votre bat auteur

Bruno, grand fan du Dark Knight depuis plus de 30 ans. Inconditionnel de Franck Miller, Grant Morrison & Tim Burton... Je m'attache à raconter "mes" moments cultes de ce personnage unique au travers de scènes inoubliables, de comics de légendes, de musiques cultes.

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