Qu’attendre du Batman White Knight #1 (Free Comic Book Day)
Publié le 08 mai 2018 par Faust le Fifrelin
MAJ 08/11/2018 : Vous pouvez également retrouver notre review complète de Batman White Knight ici 😉
Messieurs. Mesdames. Les autres. Bonjour.
Comme le savent les plus fanatiques d’entre nous ; samedi avait lieu le 5 mai. Jour chéri des amateurs de Comics. Non pas en raison du « Cinco de Mayo », charmante fête mexicaine qui célèbre la victoire d’une armée libérale mexicaine charmante contre des non moins charmants français et l’armée mexicaine conservateur (oui, car Napoléon III a essayé d’implanter un allié en Amérique à son apogée mais comme en tout ce qui est militaire, il s’est, comme on le dit dans le métier, “méchamment viandée” …) Non, ce n’est point cela ! Ni même le fait que ce soit devenu une fête de la boxe anglaise avec des matchs de noms fameux, tels que Mayweather Jr vs Pacquiao (qui n’avait rien du combat du siècle d’ailleurs, juste une image pour attirer le néophyte). Que nenni !
Non, le 5 mai, c’était aussi le « Free Comic Book Day » !
Événement qui existe depuis 2002 lors du premier samedi de mai (merci wikipedia …). A cette date, vous pouvez aller dans les enseignes participantes pour obtenir des Comics Gratuits. Évidemment, il s’agit d’un seul chapitre, généralement pas un one-shot afin d’inciter à acheter la suite.
Après une matinée hélas forte en émotion, votre humble serviteur est allé au Comic Zone de Lyon. Avant dernier à pouvoir obtenir les exemplaires gratuits, je me retrouve avec Batman White Knight 1 ainsi qu’un numéro d’Avengers et un livret de superhéros mis à la sauce Steampunk. Je remarque d’ailleurs qu’Urban Comics a vu large puisqu’il reste après le dernier moult exemplaires de ce Batou. En dépit de ma déception de ne pas avoir le Comics sur Leonardo des Tortues Ninjas (lisez L’histoire secrète du clan foot, c’est ce qui m’a plongé dans les comics il y a 3 ans) ou celui de l’histoire récapitulative de Valiant que je veux découvrir, je vais en caisse avec Crisis on Infinite Earths pour avoir un bon pour un lot qui se trouve être un pop de la série Daredevil (je déteste ces trucs mais j’apprécie l’initiative donc je leur fais de la pub).
Mais que m’inspire ce premier chapitre que certains ont qualifié de « futur classique » ?
Good Bye, Dark Knight Returns ?
Tout commence ainsi ; les premières pages montrent un Batman emprisonné à Arkham auquel un Joker sans maquillage et élégant vient demander de l’aide avant d’enchaîner sur un flash-back qui nous expliquera comment l’on en est arrivé là. C’est une œuvre voulant être le nouveau Dark Knight Returns de Miller en parlant du combat final d’un Batman crépusculaire. C’est assez visible au vu du chapitre puisqu’il reprend les codes d’un Batverse “fatigué”. Batman est encore plus brusque qu’à l’accoutumée dans ses interventions, plus violent avec ses ennemis et ses alliés ne le contrôlent plus. Nightwing est soulagé d’avoir laissé Bruce, Alfred est très (trop) vieux et Batgirl agit en équipe avec lui mais n’arrive plus à se faire écouter de lui. D’ailleurs ; Batman semble de plus en plus éteins au dialogue et il ne parle pas lors des premières pages. J’espérais que cela allait se poursuivre tout le long du chapitre, ou qu’il ne parlerait que libéré de son masque, afin de provoquer un malaise. Cela n’est pas le cas et c’est bien dommage. Cette entrée en matière qui se veut perturbante en aurait gagné. On voit donc un Batman violent forcer un Joker à avaler des pilules dans une usine où sa fuite l’a emmené (fortuitement ?). Puis un Joker appelé Mr. Napier en prison semble guéri, et en tant qu’amoureux éconduit brillant, il compte débarrasser la ville de Batman.
Le parallèle avec Miller peut également se faire à travers deux autres aspects. Le premier est l’usage de nombreux personnages, chose d’ailleurs confirmée par les covers des prochains numéros. Ceci en parlant de Freeze et en nous montrant une image du personnage hélas trop présent de DC Harley Quinn dans les souvenirs de Jojo, l’on se doute donc qu’on les verra plus tard avec des rôles importants dans cette “uchronie”.
Le second est l’usage d’interlude de plateau télévisé que je devine récurrent dans les chapitres suivants, afin de présenter les pro-batman et anti-batman. Néanmoins, autant je trouvais ça pertinent dans l’œuvre de Miller car la stéréotypie des propos semblait corrélée à la bêtise et le délabrement du monde. Autant dans notre cas, j’ai bien peur de devoir concéder que je n’aperçois pas dans ce chapitre de lien entre ce qu’est devenu le monde et ces extraits de shows TV. Me donnant alors la triste impression de voir des propos simplement stupides non pas par choix créatif mais par manque de créativité de l’auteur. Ce qui a d’ailleurs chez moi la tendance à me pousser à la pensée la moins bien-pensante possible (Nietzsche, je te fais des bisous). Ce qui là encore marche bien avec le DKR et DKSA de Miller car il exorcisait ses démons mais pas avec Murphy qui tente simplement d’écrire une œuvre marquante.
Une suspension de jugement difficile
Evidemment, mon avis est assez négatif sur ce chapitre et ce qui devrait en découler. Néanmoins, il faut concéder que outre les goûts de chacun qui changeront l’appréciation, il y a aussi les partis-pris de tout un chacun en ce qui concerne une œuvre. A l’origine, il y a encore quelques années, je ne m’imaginais pas achetez des Comics car je ne pensais pas pouvoir apprécier des récits où les héros ne suppriment pas leurs opposants qui sont des tueurs de masse. Cela me semblait trop “peu” réaliste dans le paradigme qui est le mien. Pour moi, Batman devait tuer le Joker. Aucune discussion. Ma tolérance littéraire s’est développée par la lecture et j’en suis venu à apprécier les Comics. Toutefois, je dois avouer que le fait de voir un Joker “guéri” dont on prend au sérieux les plaintes a du mal à passer pour moi. C’est mes affectations littéraires personnelles mais cela me fait sortir du récit. Voir des personnages prendre au sérieux le Joker qui déclare en avoir marre de payer les pots cassés de Batman va trop loin pour que je trouve ça acceptable. Je ne parle même pas de Barbara qui appelle Batman “Bruce” en public alors qu’ils sont filmés… Et personne ne réagit … Hinhin… Comme l’explique Aristote dans son livre Poétique, une œuvre fictive doit être réaliste plus que réel. Parfois, le réel est moins crédible que le possible, parfois c’est l’inverse. Un auteur doit donc selon lui dire ce qui est vraisemblable. Et qu’est-ce qui est vraisemblable, me questionnerez vous en levant votre moustache revancharde ou vos tétons pointus de colère. Et bien, je dirai que c’est ce qui est cohérent. Pour le lecteur que je suis, cette œuvre n’est pas cohérente avec le monde de Batman que je connais et je ne peux donc l’apprécier. Évidemment, chaque amateur de Batounet voit ce comics d’une manière personnelle, et pour certains, voire beaucoup, cette œuvre sera cohérente avec le reste de l’œuvre sur l’homme chauve-souris.
Ce paragraphe a été profondément subjectif et un peu trop réflexif. Mais c’est parce que mon avis sur cette œuvre va être minoritaire au vu des retours que j’ai lu, et plutôt que vous convaincre, je préfère plutôt user de ce sujet pour essayer de nous faire réfléchir.
« Je suis un agitateur. Un provocateur. Un animal. My name is Jean-Pascal »
Comme le chantait si bien ce chanteur à la notoriété si fugace de la Star Academy avant que la célébrité ne soit un métier (“Ne pas faire de commentaires acides… Ne pas faire de commentaires acides …”), on peut dire que l’on est rebelle. Nonobstant cela, il faut heureusement ou malheureusement plus que cela pour l’être.
Cette œuvre sonne en tout comme un blockbuster calibré. Le concept est original sans changer grand chose (méchant Batman, c’est déjà fait, ici on a simplement le Joker en “héros digne” en nouveauté, enfin à ma connaissance). Les personnages sont très vendeurs (Batman, Joker, puis HQ), on tente un peu de violence et de phrases chocs pour avoir l’air un peu “sauvage” voire même “gue-din” si vous excusez ma vulgarité.
Unfortunément, cela est plutôt de la controverse de facade. Le récit veut se donner une attitude désinvolte et à contre-courant, voire avant-gardiste. Mais l’on est juste dans une rebellion feinte. Alors que les œuvres de Miller sentent la colère et puent parfois même la haine bête et méchante d’une bête blessée (… j’aime cet homme …) et sont diablement humaines pour ça, l’oeuvre de Murphy ressemble pour moi à une crise d’adolescence. Malgré sa volonté de ne pas accepter le moule, mettre des vêtements de gothique pour faire “différent” est aussi se confronter à un moule. C’est passer de Charybde en Scylla.
Mais outre ma subjectivité qui reste prédominante dans cet avis, sur quoi me base-je donc pour cracher ma rage (bien que non picard) tel mes parents homosexuels de substitution Nietzsche et Miller ? Et bien déjà le pitch. Comme je le disais, avoir un Batman ultra-violent n’est pas l’idée la plus sulfureuse qui soit. Il faut même avouer que c’est assez répandu dans l’esprit commun moderne puisque une adaptation cinématographique douteuse a même repris cet aspect dans le film Batman v Superman. Quant à avoir le Joker dont le vrai nom est “Napier” ici en tant que héros, cela est un mouvement presque commercial puisque l’on ne va pas se cacher qu’il est le vilain le plus populaire de DC (je ne saisis pas pourquoi mais peu importe). Ajoutons à cela le début faussement “troublant” avec un Batman emprisonné et visité par le Joker venu en Batmobile afin d’appâter le lecteur qui va devoir lire un flashback de plusieurs chapitres pour arriver à ce point. Or, scénaristiquement, cela n’a aucun intérêt ou nécessité mais provient probablement de la volonté de l’éditeur de pousser à une bonne vente des numéros suivants par les lecteurs intrigués.
Ensuite, l’auteur tente de faire patte blanche du subversif à travers des dialogues voulus mordants.
Concernant ceux-ci, l’on est pas au niveau du quasi “Ta gueule” de Snyder (…) heureusement mais on a la relation semblable de cet auteur entre Joker et Batman avec des références clairement énoncées par Jojo avec un couple d’amoureux. Mais là encore, c’est quelque chose de redondant que l’on a vu à de nombreuses occasions qui amènera certes l’oeuvre à être une machine de guerre dans les rayons pour les fans de cette relation selon ce regard. Mais créativement, l’on est proche du niveau zéro… Idem pour le Joker qui en disant à Bruce ces quatre vérités dit à Brucie qu’il lutte contre la vilenie pour réparer les morceaux brisés de sa psyché. C’est un lieu tellement commun que le clown maraud passe presque comme un idiot à dire cela sous le ton de la révélation. Je ne crois pas avoir relevé d’autres dialogues particuliers outre le docteur qui explique que le Joker guérit a un intellect qui dépasse celui du génie pur (un peu contradictoire avec son origine du Killing Joke assumée), ce qui m’a semblé un appel du pied tellement putassier envers les fans du personnage pour les flatter à travers leur égo que j’en ai eu honte pour l’œuvre (comme l’explique Spinoza dans l’Ethique, l’on aime ceux qui aiment ce que l’on aime, car à travers ce goût commun, c’est nous qu’ils aiment).
Conclusion sur Batman White Knight #1
Pour conclure sur ce qu’il faut attendre après la lecture de Batman White Knight #1 ; cette œuvre est un bête de combat. Un blockbuster qui cartonnera dans les bacs à n’en pas douter. Il a tout pour réussir, personnages, pitch, et déroulé qui vont en dehors des clous pour plaire aux rebelles mais pas trop pour plaire aux fans du style “classique”. Ce qui est d’ailleurs la même chose pour son style graphique qui est personnel tout en restant classique pour le public. Et que l’on soit clair, il se lit sans déplaisir.
Mon avis a volontairement été dur, car on l’annonçait comme une œuvre intelligente et personnelle comme les œuvres de Miller (bon, soit … je concède qu’elles sont peu ou prou intelligentes mais lui-même dit qu’elles sont juste une extériorisation de ce qu’il est à un moment précis de son existence). Cela n’est pourtant guère le cas, et je dois avouer être déçu. Ça n’a rien d’un classique. Il est évident que ma subjectivité propre et mes goûts personnels (sans compter mon acrimonie légendaire) ont joué dans mon sentiment. Mais je n’ai rien caché, et me suis même focalisé sur mon ressenti négatif au point de le faire paraître énorme afin d’amener une seconde lecture possible à la kyrielle de personnes qui aimeront ce récit. Aucun de nous n’a raison et c’est pour cela que je vous invite à exprimer votre avis dithyrambique ou haineux envers ce Batman afin de nourrir mutuellement notre réflexion. En tant que dandy négligé, j’accepte volontier vos insultes pour exprimer votre haine à mon égard en raison de mon avis ou des jeux de mots, mais je crains de ne pouvoir garantir de vous rendre cette faveur. Il faudra alors se contenter de se donner rendez-vous à la cour de récré pour en découdre.
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Quelle drôle d’idée quand même de juger cet i cipit de Free Comic Book Day, comme si on n’avait encore rien d’autre sous la main pour juger de l’intérêt de l’oeuvre…alors qu’elle est déjà bien entamée aux États-Unis. Et vraiment sans vouloir être désobligeant, j’ai beaucoup de mal avec la quantité considérable de fautes d’orthographe dans un article assumant ses afféteries. Avoir des prétentions littéraires (de “dandy”) est un style, mais les revendiquer dans un article qui n’a manifestement pas été relu, c’est une incohérence, et c’est bien dommageable a la curiosité que l’on peut avoir pour les analyses fournies (d’ailleurs tout à fait intéressantes, et qui le seraient donc encore davantage si elles s’appuyaient sur la littérature déjà publiée, ou si elles avouaient ne la juger que sur le premier fascicule).
Salut à toi l’autre Millerophile ^^
Passons sur la remarque sur les fautes d’orthographes, qui n’a malheureusement en rien la capacité à faire avancer le débat ou le partage d’opinion :/
Pour le reste, même si certains des rédacteurs du blog lisent de la VO, nous nous concentrons exclusivement sur les sorties VF, d’où l’idée de parler de ce premier chapitre de White Knight publié par Urban Comics. L’idée même de l’article écrit par Faust le Fifrelin ci-dessus est de se projeter sur une série dont le premier numéro a été utilisé lors d’un événement tel que l’a été le FCBD.
Chose qu’il a faite en expliquant, il me semble à plusieurs reprises, que cela n’est pas une analyse de l’oeuvre complète mais bien une projection sur une série (en tant que fan) après lecture de ce premier chapitre.
Bien entendu si tu attends une review de l’oeuvre dans son intégralité, je t’invite à revenir plus tard, d’ici cet automne, date de publication française du récit de Murphy.
Et si tu as un avis avisé sur l’oeuvre, je suis preneur, puisque nous sommes là pour partager nos avis et notre passion commune après tout 😉