Critique du film animé Justice League : Injustice
Publié le 12 novembre 2021 par Andresy
Après les jeux-vidéo et les comics, Warner Bros a lancé Injustice au format film d’animation ! Le film animé Justice League : Injustice est sorti le mercredi 20 Octobre 2021 en coffret Blu-Ray et DVD. Nous ne pouvions pas manquer son visionnage et d’en faire une review détaillée.
Synopsis
Sur une Terre parallèle, le Joker piège Superman pour qu’il tue Lois Lane, ce qui provoque un violent déchaînement chez le héros. Superman décide alors de prendre le contrôle de la Terre, Batman et ses alliés vont devoir tenter de l’arrêter.
- Scénario : Matt Peters
- Publié le : 20 Octobre 2021
- Prix : 14.99€
- Commander sur Amazon
Dans le monde des afficionados de l’univers DC, Injustice est avant tout un concept scénaristique, tout comme l’ont été (avec quelques nuances et différences) les Civil War et World War Hulk de Marvel : des super-héros en guerre les uns contre les autres. Du jeu vidéo au film d’animation, la démarche reste finalement d’illustrer (voire interagir avec) ce concept, basé sur le basculement de Superman vers un modèle de justice sommaire et agissant en tyran.
Rappelons donc que le film d’animation Injustice, réalisé par Matt Peters (Batman Silence, Justice League Dark : Apokolips War) est tiré d’un run en comics qui s’étale sur 5 ans (avec le travail de détail et d’évolution que l’on peut imaginer) lequel est inspiré (à la base comme un préquel) du désormais célèbre jeu vidéo édité par NeitherRealm Studio. Lequel s’appuie lui-même sur des personnages dont la richesse et les conflits ont marqué allègrement les 80 dernières années.
Voilà pour le contexte. J’oubliais juste une chose : à toujours remettre au lendemain, je n’ai (mea maxima culpa) ni joué au jeu vidéo, ni lu (en entier) le run scénarisé par Tom Taylor. Je vais donc tenter de me livrer à un exercice périlleux : apporter le point de vue d’un total néophyte sur une œuvre en me focalisant uniquement sur les caractéristiques de l’œuvre en question.
La plume est plus lourde que l’épée
Commençons donc par le plus visible : Injustice est, du point de vue graphique, une véritable catastrophe : mal dessiné, mal animé, mal colorisé et mal monté. L’art de l’anime est certes périlleux, mais Warner Bros Animation, sans toujours livrer un travail parfait, avait réalisé quelques belles réussites. Je me souviens de l’excellente adaptation du « Batman Year One » ou plus récemment de certains « épisodes » de l’arc « New 52 » du DC Animated Universe, notamment certains plus « casse-gueule » que d’autres. Perso, j’avais bien aimé « Justice League : Dark » avec un vrai travail sur la couleur et les traits de Constantine et Zatanna.
Ici, le dessin est taillé à la serpe, les expressions (ou plutôt les palettes d’expressions) sont réduites à la portion congrue (par exemple le visage – OK… la bouche – de Batman ne bouge pas d’un trait de tout le métrage sauf sur le dernier plan… et c’est ridicule). Les corps et les visages sont tellement anguleux qu’ils en deviennent grotesques (Wonder Woman et Catwoman sont tout simplement atroces à regarder). Le sommet (ou plutôt le fond) est atteint avec le symbole de la famille El, dont on dirait qu’il a été dessiné par un gamin de 5 ans sous la forme d’un « S » rachitique.
Certains décors (notamment les vues de la « Watch Tower »), trop visiblement numériques, pourraient tirer leur épingle du jeu, mais soulignent finalement la vacuité générale du travail graphique.
Histoire sans faim
Passons au scénario. J’avais certaines craintes, je dois l’avouer. Résumer 5 années (ou une partie de ces 5 années) de comics dans une œuvre animée d’à peine plus d’une heure est loin d’être un exercice évident. Pour autant, Warner s’en était tiré fort honorablement avec « The Flashpoint Paradox » en adaptant intelligemment le scénario en se focalisant sur certains personnages essentiels et avec un découpage nerveux.
Hélas… Si les premières minutes semblent prendre le temps de bien poser l’action, le reste suit de façon désordonnée et précipitée. Si on comprend aisément le ressort qui fait basculer Superman dans l’autocratie la plus radicale (revendiquant le rôle de « despote éclairé »), sa dérive dans le meurtre quasi-systématique, voire de masse reste trop précipitée pour être crédible. Et que dire du rôle de Diana ? L’icône de la liberté suit Kal-El comme une crétine et – pire – tente de le séduire alors que le corps de Loïs est encore chaud (c’est du moins l’impression que l’on a, vue la façon dont le montage temporel est tellement bordélique). Soyons clair : une telle idylle n’est pas incongrue (et pour cause …) mais un minimum de temps et d’évolution auraient évité le ridicule de cette scène.
Quand au twist (j’hésite vraiment à employer ce mot) final, s’il reste vaguement cohérent, il semble clairement déjà vu et ne fait guère dans l’originalité.
Nous sommes donc sur un scénario et surtout une adaptation bien trop rapide. Certains personnages font clairement de la figuration, quand ce n’est pas du décor (Cyborg par exemple). D’autres, plus correctement exploités (Green Arrow, Harley Quinn) ne servent guère l’histoire. Le seul qui me semble tirer son épingle du jeu reste le fantasque et décalé Plastic Man qui pour le coup, a un rôle et un jeu bien défini. Au final, on reste très détaché d’une histoire qui ne passionne pas.
Bat-bide
Et la Bat-Familly dans tout cela ? L’antagonisme (au moins le contraste) entre le Kryptonien et l’Humain reste toujours le pilier central de ce genre de récit… Mais n’est pas Miller ou Snyder qui veut… Batman endosse donc le rôle de leader de la « résistance » mais le fait de façon tellement détachée, presque professionnelle, que cela n’est pas crédible.
S’il arrive que parfois, on se prenne à espérer le Batman-qui-trouve-l’idée-géniale, à chaque fois, cela tombe à plat (voir l’exemple du canon à soleil rouge qui ne servira… pas).
Je vous passe également l’ellipse concernant Nightwing que je trouve ridicule et dispensable et le rôle de Robin/Damian absurde par rapport au personnage qu’il devient dans la continuité (mais peut-être peut-on faire le même grief au comic-book… Je laisse la parole à Siegfried ci-dessous pour cette partie 😉 )
Conclusion
Matt Peters condense donc les erreurs déjà présentes dans « Justice League Dark : Apokolips War » essentiellement basées sur un départ correct et une fin ratée. On ne retiendra ici que le départ correct. Tout le reste étant raté.
Allez, je vous le confesse : je me suis laissé dire que seul le début de l’anime suivait la trame du comic de Tom Taylor… Cette fois, c’est décidé… Je vais le lire jusqu’au bout.
Un autre avis c’est bien aussi, la parole est donnée à Siegfried
Une adaptation injuste
Bien sûr, j’avais les pires préjugés contre cette adaptation animée d’Injustice. Vous vous souvenez peut-être que j’ai pendant des années mené une thèse sur les comics mettant en scène un Superman omnipotent prenant le pouvoir politique (sujet dont vous retrouverez une trace dans ma chronique Dictature des Dieux sur Comics have the Power), de sorte que j’ai longuement étudié le comics et le jeu vidéo Injustice, dont j’aimais beaucoup l’idée principale et le traitement de cette idée.
Or l’une des forces des comics est d’avoir consacré des années à la mise en place de son univers avant les événements du jeu, croisant souvent admirablement des personnages de toutes les mythologies et toutes les réalités. J’appréhendais donc les choix que ferait la Warner pour faire tenir tout cela en un seul film d’animation, déjà surpris qu’ils n’aient pas opté plutôt pour le format sériel, et étais horrifié qu’ils prétendent synthétiser un comics connu pour son ampleur en 1 heure 18 à peine.
Au moins n’était-il pas réputé pour sa beauté, donc j’étais prêt à accepter la laideur tout de même récurrente dans les films d’animation de la Warner, sans les appréhensions que l’on peut avoir face à des adaptations d’œuvres au visuel fort (Un Long Halloween, Year One, The Dark Knight Returns…) – ce qui ne m’a pas empêché d’être déçu même de ce point de vue.
Je ne vais pas m’étendre éternellement pour me contenter de répéter l’amertume d’Andresy, mais plus que de la déception, c’est de l’incompréhension que je ressens en sortant du visionnage de cet Injustice.
Du comics ayant fait connaître Tom Taylor par sa capacité à raconter respectueusement des dizaines de personnages et de morts, la Warner a tiré un récit insipide où tout est précipité, s’autorisant des blagues constantes pour désamorcer la tension alors que dans un temps si court, il aurait fallu intensifier le drame à chaque fois que c’était possible ; s’attardant sur des péripéties tirées d’on-ne-sait-où (le long affrontement contre Amazo qui pendant vingt minutes remplace l’intrigue d’Injustice) ; expédiant l’évolution de Superman vers la tyrannie au point que l’on voit juste un taré, pas une déchéance naturelle de l’homme de demain, en perdant toute interrogation politique ou psychologique pertinente.
On est ainsi très loin du travail de réécriture de J. M. DeMatteis pour faire tenir Red Son en un petit long-métrage, pas extrêmement convaincant mais malin par plusieurs décisions du grand scénariste. Au lieu de cela, cet injustice croit être fidèle au comics en en accumulant certains moments phares sans aucune des transitions leur donnant ordinairement du sens, comme s’il avait été lu quinze minutes sur un coin de table pour en tirer un film n’ayant aucun intérêt à aucun point de vue, et s’avérant même finalement assez nuisible en ce qu’il pourrait vous décourager de lire un comics avec lequel il n’a rien à voir.
Et vous ? Qu’avez-vous pensé de l’adaptation en animé d’Injustice ???
Laissez-nous votre avis dans les commentaires ci-dessous 😉
- Un début intéressant.
- Un graphisme et une animation totalement ratés,
- Un montage scénaristique bâclé et inadapté au format.
On reste connecté ? 🙂
Retrouvez-nous sur Facebook, Twitter et Instagram.
Je suis du genre très critique lorsque qu’il s’agit d’une adaptation à un comics.
J’ai lu et relu “Injustice ” , alors effectivement ,il ne dit pas réellement le comics en détails mais on ressent l’intensité et la noirceur.
La fin est édulcoré mais elle donne un avant goût du comics, je dirais même que c’est une porte d’entrée à la série papier.
Et encore une fois, c’est un réel plaisir de retrouver Kelvin Delmour en Harley