Deathstroke Rebirth, tome 1 : Le Professionnel – La review
Publié le 05 avril 2018 par Aliénor Drake
DC comics profite du relaunch général “Rebirth” pour remettre au goût du jour un personnage popularisé auprès du grand public par la série Arrow, dans laquelle Manu Bennett (de même nom que le dessinateur de ce tome…) interprète très bien Slade Wilson. Ce Deathstroke Rebirth a été accueilli avec joie par beaucoup de lecteurs, et ce n’est pas sans raison.
Mercenaire impitoyable, Deathstroke monnaie sa force et ses réflexes surhumains au plus offrant. Lancé sur les traces de son ancien aide de camps, Wintergreen, il va devoir également renouer des liens avec ses deux enfants, Rose et Joshua, tout en déjouant les vendettas de ses nombreux adversaires.Contient : Deathstroke Rebirth #1, Deathstroke #1-5
Scénario : Christopher Priest
Dessin : Joe Bennett
Publié le : 02 mars 2018
Nombre de pages : 144
Prix : 15.50 €
Une écriture complexe mais de qualité
Christopher Priest signe ici un scénario remarquable, particulièrement moderne mais également complexe à suivre. J’ai dû relire deux fois le tome pour pouvoir saisir certaines choses, étant donné l’absence de linéarité dans le récit. On passe de l’action présente à différentes phases du passé de Slade Wilson. On explore certaines expéditions plus ou moins politiques, ses amitiés et les trahisons dont lui et son ami Wintergreen ont pu être victime et qui ont des conséquences sur l’action du comics. On plonge également, parfois avec beaucoup d’ironie, dans les histoires de famille compliquées et les relations complexes de Slade avec ses enfants. Par ailleurs, contrairement à certains “Rebirth”, je recommande de connaître déjà Deathstroke pour aborder cette nouveauté.
L’écriture se montre très originale. Si elle peut rebuter ceux qui ne connaissent pas vraiment le monde de Deathstroke, elle nous permet de montrer un homme particulièrement intelligent (et pour cause, c’est son principal “pouvoir”), le parallèle et la compétition avec Batman étant un délicieux rouage scénaristique pour cette démonstration. Le lecteur semble perdu dans le raisonnement du mercenaire, puis comprend finalement la mécanique qui a conduit à telle action ou telle réflexion. Tout s’imbrique dans un méli-mélo d’actions, de conséquences particulièrement réfléchies de la part du mercenaire australien. Ainsi, la force du récit de Priest réside dans son adéquation avec le raisonnement de Slade Wilson : tout va très vite, tout est prévision calculée mais indétectable pour l’observateur que nous sommes.
Un scénario moderne et attrayant
L’un des attraits de ce scénario, c’est bien les enjeux modernes qui reflètent la tendance actuelle (enfin, depuis quelques années tout de même) chez DC : la politique et les questions sociales, l’influence du web sur le déroulement de l’intrigue, et les relations parents-enfants. Priest est connu pour sa contribution à Black Panther et pour son parti-pris dans les questions sociales et politiques. Or, les échecs de Deathstroke à gérer ses relations familiales s’imbriquent dans des affaires politiques, où l’on aborde la dictature, le terrorisme et l’interventionnisme des États-Unis dans un pays africain.
Par ailleurs, alors qu’il enquête sur une trahison par le passé, Slade apprend qu’un contrat a été émis sur le dark web pour tuer sa fille, Rose, elle-même une anti-héroïne. Cette relation père-fille est tout à fait dans l’air du temps, drôle et intéressante, et permet de montrer que les personnages DC ont vraiment un problème d’éducation avec leurs enfants. On peut pour cela se référer au très réussi Superman Rebirth, tome 2, dans lequel Clark et Bruce ont du mal avec leurs fils respectifs. Le parallèle avec Batman et Robin est d’ailleurs amusant dans ce Deathstroke. Wintergreen, quant à lui, est là pour faire comprendre à Rose que le comportement de son père à son égard est une forme d’amour, de la part d’un assassin incapable d’exprimer ses sentiments de manière affective ou rationnelle. Deathstroke veut en réalité protéger sa fille et éviter l’erreur qu’il a faite avec ses fils Grant et Joseph.
Pour ce faire, Slade se rend donc à Gotham pour demander de l’aide à Batman, qui refuse naturellement. Le parallèle entre l’intelligence, la tactique et les manières de procéder des deux protagonistes est très intéressant à lire. L’admiration qu’a l’ancien soldat pour la chauve-souris se reflète dans toutes la stratégie qu’il met en œuvre pour arriver à ses fins. Par ailleurs, Damian et son impertinence se retrouvent prisonniers de Deathstroke, tandis que Rose tente de convaincre Batman de céder au chantage de son père. Ce qui donne des dialogues rien moins que succulents.
Conclusion
Si le dessin de ce Deathstroke Rebirth est agréable mais assez ordinaire, le scénario réalisé par Christopher Priest l’est beaucoup moins. Complexe, reflet de la logique et de la façon de faire de cet anti-héros à l’intelligence surhumaine, il aborde les relations père-enfant de manière intéressante et très originale. Il est cependant recommandé de connaître déjà un peu l’univers de Slade Wilson pour le lire. L’occasion de vous plonger dans quelques aventures des Teen Titans, ses principaux adversaires, afin de vous faire la main !
Les notes
Dessin
Colorisation/Encrage
Note globale
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