[Hommage] Top 5 : Nos histoires préférées par Dennis O’Neil
Publié le 19 juin 2020 par Nico
Après un focus qui lui est spécialement dédié (disponible en cliquant ici), nous continuons à rendre hommage à Dennis O’Neil, l’un des scénaristes les plus importants dans l’histoire de Batman et qui nous a malheureusement quitté ce Jeudi 11 Juin 2020 à l’âge de 81 ans…
Et quoi de mieux que de vous parler avec passion de nos histoires préférées écrites par cet auteur incroyable ?! C’est le sujet de cet article 🙂
“Green Lantern/Green Arrow #1” pour Siegfried Würtz
À la fin de mon essai Qui est le chevalier noir ? Batman à travers les âges, je remerciais les auteurs ayant le plus compté dans ma découverte et mon appréciation des comics, jusqu’à ma volonté de leur consacrer une thèse et au moins un livre. Il me paraissait impensable de ne pas y citer O’Neil, la plus ancienne des personnalités citées, celle qui avait “sauvé” les années 1970 pour le lecteur en quête d’une substance politique chez les encapés que j’étais et avait largement pavé le chemin pour les suivants. Il est aussi le premier de cette liste à mourir, le plus vieux heureusement, ce qui ne m’empêche pas d’être profondément attristé par la disparition de quelqu’un qui a compté dans mon parcours, et donc un peu dans ma vie.
On peut toujours estimer que le bond qualitatif qu’il représente dans l’industrie du comics, son “dévoilement” de ce que l’on peut dire au travers des super-héros (et même simplement du fait que l’on puisse dire quelque chose à travers eux) aurait eu lieu sans lui plus tard, mais ce n’est même pas si certain tant son profil était atypique (un journaliste politique écrivant de la BD d’extra-terrestres en collants !) et tant l’alignement des étoiles dont il a bénéficié pour faire mûrir à ce point les super-héros malgré le matériau dont il disposait était exceptionnel. Si les méditations de Marvel ou le travail d’Infantino ont probablement favorisé cet alignement, il est plus certain encore que sans ses relevants comics, nous n’aurions pas eu le même Modern Age, pas de Watchmen ou de Miller par exemple.
De sa Wonder Woman privée de pouvoirs à l’alcoolisme de Tony Stark (et la transmission de l’armure à James Rhodes) et à son Daredevil en passant bien entendu par sa Justice League déjà étonnamment politisée et par sa réinvention complète de Batman, le choix d’une unique aventure préférée est difficile… mais indéniablement c’est son Green Lantern/Green Arrow qui m’a le plus marqué, et plus spécifiquement le Green Lantern #70, soit le premier numéro de son run, dessiné par un Neal Adams apparemment et paradoxalement imperméable au super-héros comme vecteur politique.
Green Lantern y stoppe brutalement des “anarchistes” s’attaquant à un propriétaire abusif. D’emblée le propos est habile, provocateur même : le propriétaire n’abuse que de ses prérogatives légales. Si son comportement n’est pas philanthrope, il est tout à fait dans son droit et ses agresseurs dans leur tort, quoiqu’ils défendent leur désir de vivre plus dignement. Il n’est pas question de les idéaliser, Green Arrow allant jusqu’à reconnaître que l’un a perdu patience et tâchant de justifier la colère des Afro-Américains écrasés par le système capitaliste – on est en avril 1970 !!
Quand Green Arrow le rabroue, il n’est donc pas question de dire au lecteur que Green Lantern s’est objectivement “trompé”, qu’il avait mal jugé la situation et que le criminel était en fait le monsieur bien habillé, ou que le locataire ne faisait que se défendre, mais d’opposer deux visions du super-héroïsme, un conservatisme toujours favorable aux injustices en place, et la lutte pour un Bien supérieur à la loi et à l’ordre, au risque qu’il en soit l’ennemi.
Cela vous paraît incroyable ? Vous n’avez pas encore entendu Green Lantern dire qu’il ne fait que son travail et Green Arrow rétorquer que c’était aussi l’excuse… des nazis, puis un Afro-Américain demander au premier pourquoi il met tant d’énergie à défendre des “peaux oranges” et des “peaux violettes” pour le compte de “peaux bleues”… et ne s’est jamais soucié des “peaux noires” de sa propre planète.
Cela vous paraît encore plus incroyable ? Et si je vous disais que Green Arrow et Green Lantern sont peut-être une manière de parler de Batman et Superman sans remettre en question des super-héros trop populaires, par le truchement de figures avec lesquelles on peut davantage oser parce qu’elles ne représentent pas grand-chose économiquement ? Après tout, entre le justicier urbain sans super-pouvoirs et le super-héros galactique aux super-pouvoirs pratiquement illimités de nature extra-terrestre d’une part, le chevalier noir et l’homme de demain de l’autre, le parallèle est vite fait, et le commentaire y gagne naturellement en puissance, qu’il soit avéré ou non.
Le seul fait que l’on puisse reconnaître deux personnages aussi emblématiques (et même archétypaux) dans cet antagonisme idéologique suffit à prouver qu’O’Neil n’a pas particulièrement Green Lantern et Green Arrow dans le viseur, et que son propos touche les limites et le potentiel politique des super-héros, après des années 60 qui pouvaient en faire douter.
Merci pour ça, Denny.
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“Le démon a ressuscité” pour Aliénor Drake
Paru dans Batman #244 en Septembre 1972.
Ce récit termine l’histoire consacrée à Ra’s al Ghul et sa fille, Talia, initiée par les Dennis O’Neil et Neal Adams. Batman et Robin découvrent le père et sa fille dans “La fille du démon“, puis Batman traque le démon dans “Le Puits de Lazare”. La terrible rencontre s’achève alors avec la résurrection du père de Talia…
Mais “Le démon a ressuscité” est, pour moi, le plus fort et le plus marquant. La couverture est impressionnante et est, je pense, l’une des plus belles couvertures de Batman. L’histoire commence par Batman et son équipe poursuivant Talia et son père dans les Alpes suisses. Cet épisode n’est pas phénoménal, hormis une poursuite à ski avec une charmante jeune femme qui ne laisse pas la chauve-souris indifférente, d’autant plus qu’elle est dotée d’un talent certain dans les sports de glisse. Mais c’est surtout lorsque Talia et son père s’enfuient et retournent dans le désert (le contraste entre les Alpes enneigées et le désert nord-africain n’est pas un détail) que cela devient palpitant.
L’écriture de Dennis O’Neil est belle et poétique, l’auteur joue sur la dramaturgie que permet la situation géographique, en plein désert, loin du territoire traditionnel de Batman, et chez son meilleur ennemi. Le drame est à son comble : les 2 protagonistes promettent de tuer l’adversaire s’il le faut, et Talia se retrouve à regretter amèrement ce combat entre les deux hommes qu’elle aime.
Nous avons donc ici un magnifique récit de Dennis O’Neil, qui joue sur la témérité des trois personnages, sur la géographie qui créée une tension, sur l’amour et la haine que se portent les héros / vilains.
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“Le secret des sépultures vacantes” pour Alexandra
Pourquoi avoir choisi ce court récit ?
Parce que c’est l’une des premières aventures de Batman réalisée par deux artistes que j’admire : Dennis O’Neil et Neal Adams. Sous leur influence, les intrigues deviennent plus complexes, teintées d’occultisme et de fantastique.
Un duo parfait qui a su dessiner et rendre le Chevalier Noir aussi majestueux et impressionnant qu’il l’est. Ils sont intervenus lors d’une phase clé pour Batman après des années de censures par le Comic Code Authority.
Dans cette aventure, nous ne sommes pas du tout à Gotham City mais au Mexique. Aucune Bat-Family mentionnée, le Chevalier est seul. Un récit rare où le vilain de l’histoire n’est en rien un super vilain du type Mr Freeze ou Le Pingouin, mais un couple de riches seigneurs mexicains. Un récit passionnant avec un rythme haletant et un Batman imperturbable qui fait preuve d’intelligence, de déduction et de courage.
Si vous souhaitez vous approcher du Batman pensé par Dennis O’Neil c’est une histoire à ne pas manquer.
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L’épisode “La quête du démon” pour Pelli
Mon choix se porte aujourd’hui sur un double épisode de la série animée Batman de 1992 inspirés par les comics Daughter of the Demon et The demon lives again publiés dans Batman #232 et Batman #244 (1971 et 1972).
L’histoire qui nous est présentée est la suivante : Dick disparaît mystérieusement de son université ! Ra’s al Ghul, le père de Talia, vient à la rencontre de Batman : il semble que sa fille ait disparu dans les mêmes circonstances que Robin…
Dans ce double épisode, nous retrouvons une ambiance bien différente des autres épisodes de la série. Alors que la majorité de la série est axée sur une ambiance de film noir des années 30, il y règne dans ces épisodes une ambiance de films d’action à la Indiana Jones voir même à la James Bond qui n’est pas désagréable.
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“Les cinq vengeances du Joker !” pour Nico
Publiée initialement dans Batman #251 en Septembre 1973, cette histoire représente à elle-seule le renouveau amorcé par Dennis O’Neil et Neal Adams sur l’univers de Batman.
En effet, pour que ce dernier renoue avec son côté sombre, il a fallut que tout son univers le permette. Avec ce genre d’histoire, les auteurs ont permis au Chevalier Noir de retrouver sa noirceur… Notamment avec le retour d’un Joker TE-RRI-FIANT qui s’autorise à nouveau à tuer !
Les cinq vengeances du Joker nous présente une histoire (en un seul numéro) dans laquelle le Joker vient de s’enfuir de l’asile d’Arkham. Ce dernier y avait été incarcéré après le témoignage compromettant de cinq membres de son gang. Le Joker a donc décidé de s’enfuir et a promis une chose : il tuera les cinq personnes concernées !
Une course poursuite folle s’enclenche alors entre Batman et sa Némésis, Batman tentant de sauver les hommes ciblés par le Joker. Mais ce dernier semble toujours avoir un coup d’avance sur le justicier… Cependant, Batman finit par retrouver la trace du Joker avant que ce dernier n’exécute sa dernière cible… nous offrant un final totalement explosif dans lequel le Joker propose même à Batman de rentrer dans un aquarium pour y affronter un requin vivant !
Une histoire incroyablement intense qui représente très bien tout ce que Dennis O’Neil a su apporter de bon à l’histoire avec un grand H de Batman !
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Même s’il est toujours difficile de ne ressortir “que” certains récits dans un univers aussi vaste que celui du Batverse, nous avons voulu vous présenter de la façon la plus personnelle qui soit nos histoires préférées écrites par Dennis O’Neil lui-même…
Vous aussi, vous avez une histoire préférée écrite par cet auteur ? C’est le moment de nous en parler dans les commentaires ci-dessous 😉
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