Review de Batman City of madness
Publié le 31 octobre 2024 par Benoit
Le mythe de Cthulhu est intrinsèquement lié aux récits de notre chauve-souris. Que cela passe par l’aliénation des personnages au nom de l’asile d’Arkham, il y a toujours une présence maléfique qui plane sur la ville de Gotham et de ses habitants. Dans cette review, nous verrons si après Mike Mignola et son récit emblématique : Batman La malédiction qui s’abattit sur Gotham, Christian Ward arrive à être à la hauteur d’une légende qui plonge tous ses narrateurs et ses protagonistes dans des terreurs et des torpeurs au-delà de l’imagination…
Synopsis
La Cour des Hiboux, sinistre cabale gothamienne qui tire les ficelles dans l’ombre, garde un portail menant à une Gotham City déformée, en proie à des créatures terrifiantes dépassant largement les frontières de l’imaginable. Quand ce passage entre les deux mondes cède une créature de la nuit s’infiltre dans Gotham avec un objectif bien précis en tête : trouver son propre Robin pour l’accompagner dans son éternelle quête de vengeance…
- Scénario : Christian Ward
- Dessins : Christian Ward
- Publié le : 18 octobre 2024
- Nombre de pages : 168
- Prix : 18€
- Commander sur Bubble BD , chez Comics-Zone ou sur Amazon
Version audio de la review comics 😉
Lovecraft
Le concept de replacer Batman dans un récit Black Label centré sur un nouvel univers en lien avec l’imaginaire de Lovecraft avait de quoi me réjouir. Ce label est synonyme de liberté et permet aux scénaristes de se lâcher pour créer des paradigmes personnels et d’y confronter notre héros. Donc un Batman affrontant un Cthulhu ou étant confronté à une horreur indescriptible pouvant le plonger dans un état jamais vu avant me donnait envie. Et c’est avec une grande perplexité que j’ai reposé cet oeuvre après sa lecture….
Vous allez me dire : “Bon ça va ! il nous gonfle avec son Lovecraft !”
Et d’une certaine façon, vous avez raison. Cependant l’album est vendu comme un hommage à cet auteur ou cet univers et donc il m’est impossible de ne pas faire de comparaisons.
PLATISTE
Une Gotham inversée renfermant un Batman d’en Bas. Une ville posée sur un miroir déformé tordant les intrigues de ses personnages et influençant la Gotham d’en haut. L’idée est alléchante ! Voir un Batman corrompu par des forces insoupçonnables et semant la terreur dans l’esprit de ses victimes. Qui n’en a pas rêvé parmi vous ?
Et bien… désolé vous vous êtes trompé de bouquin. L’histoire d’un enfant attaché à un démon qui deviendra une autre version du chevalier noir ne marche pas ici. La présence malveillante et inconfortable que ce Batman devrait inspirer est passé aux oubliettes. Il nous est présenté comme un croque mitaine tuant tous ses opposants. Cependant, la Gotham d’en bas est rapidement parcourue à travers quelques ruelles et l’asile. Comme nous ne comprenons pas le fonctionnement de cette ville nous avons du mal à comprendre comment les actes de ce Batman ont pu conduire une cité apparemment fonctionnelle à un cauchemar. Son seul but est de capturer un enfant en haut afin de le corrompre pour en faire un reflet maléfique de Robin. MAIS POURQUOI ??? Pourquoi ne pas prendre un enfant de son monde ? Pourquoi vouloir, soit disant, aller conquérir le monde d’en haut ?
Beaucoup de questions dont les réponses sont balayées d’un revers de mains avec un : “c’est comme ça !!”
RADIO RELAIS
Il existe une constance dans les récits de Lovecraft : Le narrateur. Celui-ci est étroitement lié à une aventure passée qu’il relate à travers un article, un journal ou une lettre par exemple. Celui-ci a vécu un moment au-delà de l’imaginaire et tente de la retranscrire comme il le peux afin de laisser une trace de son passage sur terre. (Oui généralement les narrateurs ne font pas long feu).
Ici l’auteur décide de placer ce bon vieil Alfred Pennyworth dans la peau du narrateur. Il devient alors notre témoin, celui à travers qui l’histoire devrait se conter. Oui j’écris devrais car finalement le majordome n’apparaitra qu’à certains moments de l’intrigues n’apportant pas grand chose au récit hormis ses impressions et ressentiments personnels.
Non, en réalité le contexte de l’histoire va plutôt être porté par Double-Face !
Oui lecteur, notre cher Harvey Dent devient ici une radio relais diffusant un message d’au-delà de Gotham et dont la fonction est de prévenir notre Batman afin de lui raconter tous les faits dont il aura besoin. Ce parti pris par l’auteur a pour but de coller à la narration décrite plus haut mais devient une facilité scénaristique qui déballe presque en blocs les éléments de l’histoire. Se cachant devant une fausse complexité reliant en réalité 2 Double-Face (du coup ils sont deux ou quatre ????) celui-ci devient au final un personnage encombrant, gênant la narration.
Ma qué !
Bon ok j’exagère avec ce titre de paragraphe reprenant une expression italienne mais je me dois de vous parler du graphisme. Le dessin se mêle à la peinture pour nous rappeler que le récit Arkham Asylum est une inspiration pour cette œuvre. Et s’il est vrai que cela apporte une beauté à certaines planches, surtout aux variantes covers qui sont superbes, cela dessert parfois le récit avec de la confusion dans les actions. Mais cela serait malhonnête de dire qu’une importance majeur n’a pas été mise sur le dessin et qu’en général c’est plutôt beau.
CONCLUSION
Vous l’aurez compris, mon attente vis à vis de cette œuvre a été torpillée en plein vol. Je trouve le récit forcé et bien trop rapide voulant à tout pris nous faire comprendre les tenants et aboutissants du récit mais sans détailler l’univers. De plus, là où un bon récit Lovecraftien condamne presque à chaque fois un personnage, ici rien du tout ! Et c’est dommage, l’auteur avait la latitude d’agir dans le cadre d’un Black label où tout est réalisable et il en fait une histoire consensuelle, fade et sans surprise.
Vous voulez un bon récit dans cet univers ? Lisez Batman La malédiction qui s’abattit sur Gotham, vous ne serez pas déçu !
- Les variant covers ;
- Les dessins ;
- Alfred en narrateur.
- L’intrigue ;
- Le Batman d’en Bas sans profondeur et n’inspirant pas la peur (un comble !!!) ;
- Et puis non en fait…
On reste connecté ? 🙂
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