Review de Batman The World
Publié le 21 septembre 2021 par Nico
Pour fêter le Batman Day cette année, DC Comics a initié une belle idée en proposant un ouvrage composé de nombreux courts récits réalisés par plusieurs auteurs originaires de 14 pays différents. Et comme nous avons face à nous plusieurs auteurs aux styles tout aussi variés que leurs histoires, nous avons décidé de vous proposer nous aussi une review à plusieurs auteurs de l’ouvrage publié chez Urban Comics. Ainsi, Aliénor Drake, Alexandra, Pelli, Siegfried et moi-même (Nico) vous proposons notre avis sur ces histoires de Batman The World !
Synopsis
Le champ d’action de Batman ne se limite pas à Gotham City ! Le Chevalier Noir a juré de rendre la justice partout où l’on a besoin de lui, et ses enquêtes l’ont conduit plus d’une fois aux quatre coins de la planète. Retrouvez dans cet album des aventures du plus grand des super-héros sur tous les continents !
- Scénario : Brian Azzarello, Mathieu Gabella & collectif
- Dessins : Lee Bermejo, Thierry Martin & collectif
- Publié le : 17 Septembre 2021
- Nombre de pages : 192 pages
- Prix : 18€
- , chez Comics-Zone ou sur Amazon
« Ville Globale » par Brian Azzarello et Lee Bermejo (USA)
Scénarisé par Brian Azzarello et dessiné par Lee Bermejo, l’histoire américaine de cette anthologie nous propose un récit d’une belle intensité. Bermejo signe de bien belles pages avec son trait si particulier. Le scénario d’Azzarello permet au dessinateur de nous proposer une magnifique panoplie de vilains de l’univers de Batman. C’est une belle manière de découvrir la version de Bermejo pour Bane, Poison Ivy, le Pingouin ou encore Catwoman. Et c’est toujours aussi beau ! De son côté, le scénariste nous sert un message intense qui démontre toute l’obsession de Batman par rapport à son rôle au sein de SA ville… Gotham City (ou plus encore).
L’un des meilleurs récits présenté dans l’ouvrage de mon point de vue.
Nico
« Paris » par Mathieu Gabella et Thierry Martin (France)
Dans ce récit on y retrouve Batman et Catwoman se pourchassant dans ce qui semble être le musée du Louvre. Mathieu Gabella (que l’on avait interviewé ici) nous fait découvrir les différentes œuvres d’art au travers de la poursuite. Ce récit bien que court est assez intéressant car il met une nouvelle fois le doigt sur la relation particulière qu’entretiennent Batman et Catwoman. Coté dessin le travail de Thierry Martin est plutôt correct avec pas mal de petites références à Paris (normal le récit s’appelle “Paris”).
En globalité j’ai bien aimé ce récit, qui pourrait parfaitement s’intercaler dans un Annual de Batman. Simple, beau et drôle. Paris est l’un des récits qui tire son épingle du jeu dans ce Batman : The World.
Pelli
« Fermé pour les vacances » par Paco Roca (Espagne)
Point de duo ou trio ici, puisque le récit espagnol est entièrement géré par l’artiste Paco Roca. L’auteur nous propose une histoire qui s’attarde sur les vacances de Bruce Wayne. Sous les conseils d’Alfred, Bruce semble effectivement prendre une véritable pause durant ses vacances sur la cote ibérique.
Les dessins de l’artiste sont très réussi et collent parfaitement à l’ambiance estivale de l’histoire. Bruce Wayne ne semble plus être le justicier que l’on connait… À moins que l’appel de la justice ne soit finalement trop forte pour notre héros ?!
Une récit que j’ai trouvé maitrisé par son auteur, même si nous pouvons regretter le peu d’originalité du propos.
Nico
« Janus » par Allessandro Bilotta, Nicola Mari et Giovanna Niro (Italie)
Batman affronte un super-vilain appelé Janus, au masque biface et parlant mystérieusement de passé et de futur – subtil. Ils évoquent des dialogues qu’ils auraient eu jadis, où Batman aurait essayé de le convaincre de croire en lui, Janus lui en voulant terriblement pour cette banalité, au point de le poignarder dans le dos alors qu’il était en face de lui immobilisé sous une colonne, sans que l’on sache si c’est un personnage différent ou comment il s’en est sorti, tout cela en lui promettant qu’il entendra encore parler de lui (ce qui ne sera pas le cas).
Soudain on voit un enfant (le futur Janus comprend-on) parler à Batman sur un toit après une altercation avec ses camarades, et Batman lui dire de ne pas regarder en arrière. Soudain on voit un enfant et ses parents attaqués par un criminel dans une ruelle, Batman intervenant pour les empêcher de subir le sort des Wayne, et enseignant à l’enfant (le futur Janus toujours, bien sûr) d’avancer sans jamais se retourner. Fin. Puisque le comics s’achève sur cette leçon, on se dit logiquement qu’il s’agit de la morale de l’histoire… sauf que dans les premières planches, Batman regrettait l’insuffisance du soutien qu’il apportait au garçon, de sorte que la conclusion est décidément étrange…
Vous l’aurez constaté, la narration est volontairement un peu confuse chronologiquement, se déroulant sur trois temporalités en revenant à chaque fois en arrière, sans d’ailleurs du tout que le passé explique particulièrement ce qui se passe plus tard ou enrichisse une quelconque réflexion. Un peu prétentieux quand on constate le peu qu’elle raconte finalement, comme si le scénariste avait d’abord composé son récit dans l’ordre, puis s’était dit qu’il serait plus original de le découper de la sorte, qu’il afficherait ainsi plus de personnalité et serait plus mémorable, sans s’interroger sur l’intérêt qui en ressortirait. Finalement, on voit à la fois l’artifice et la platitude un peu confuse du comics, qui aurait assurément été plus joli sans toutes ces circonvolutions, en essayant d’illustrer sa leçon et de raconter une histoire plutôt que de faire le malin dans ce qui n’est pas loin d’apparaître comme un cache-misère.
Siegfried
« Des lendemains qui chantent » par Benjamin Von Eckartsberg et Thomas Von Kummant (Allemagne)
Le scénariste Benjamin Von Eckartsberg et le dessinateur Thomas Von Kummant nous plongent dans le froid vivifiant des Alpes Bavaroises ! Le Joker s’associe à des activistes écolos pour un plan maléfique encore plus déjanté que les autres. Mais c’est sans oublier la surveillance accrue de Batman ! Ce récit d’une beauté froide par son dessin allié à des couleurs chatoyantes est l’une des meilleures histoires de Batman The World. Elle pose une question dès plus pertinente : Qui du Joker ou de Batman est le plus fou ???
Alexandra
« La messe rouge » par Stepan Kopriva et Michal Suchanek (République Tchèque)
La Messe rouge met en scène un télépathe criminel, Kovac, qui, soumis à un scientifique du Parti Communiste, un certain Hudec, prend part à un programme de contrôle de l’Europe de l’Ouest, en 1984.
J’ai aimé l’aspect politique de ce récit, et le fait qu’il parle ainsi du passé de la République Tchèque, mais je regrette plusieurs choses. D’une part, l’enjeu et l’intrigue ne conviennent pas à un format court. D’autre part, les conséquences logiques sont tout aussi négatives : l’auteur passe plus de temps à exposer le décor, l’intrigue et les personnages, qu’à l’action et aux évolutions du récit. Par ailleurs, le scénario paraît alors assez pauvre et peu original, alors qu’il aurait pu donner quelque chose d’intéressant dans un autre contexte, plus approfondi.
Aliénor Drake
« Mon Bat-man » par Kirill Kutuzov, Egor Prutov et Natalia Zaidova (Russie)
Un petit garçon reçoit un stylo Batman, qui fait l’admiration de ses ami.e.s, avec qui il imagine qui pourrait être ce mystérieux héros assurément fictif. Passionné par le dessin, il se spécialise dans les représentations du personnage, même si sa foi dans les valeurs qu’il est supposé incarner est ébranlée par la propagande russe.
Cette nouvelle mêle plusieurs choses, trop sans doute eu égard à sa concision, essayant de connecter fantasmes enfantins, morales du Batman et histoire russe, y ajoutant soudain l’idée que le héros ne vieillit curieusement pas malgré les décennies, dont elle ne fera rien…
Il s’agit bien sûr de méditer sur notre rapport de lect.rice.eur.s réel.le.s face à un personnage de fiction auquel sa prégnance sur la culture populaire et l’admiration qu’on lui porte confèrent en somme plus de réalité que beaucoup de personnes, mais cette insistance sur la bizarrerie de l’existence de Batman rend finalement la réflexion plus confuse que percutante, gentillette mais manquant un peu de maturité, ou même de simplicité, tentant de façon trop hétérogène de faire de l’Histoire, de l’analyse et de la poésie. Au moins y a-t-il une tentative de représenter la Russie par un récit riche, ce qui suffit à en faire l’un des bons récits d’une anthologie si moyenne – où plusieurs nouvelles se défendent sur le plan artistique, mais où seuls la France et l’Espagne proposent quelque chose qui me convienne parfaitement.
Mieux vaudra relire « The Batman nobody knows » de Frank Robbins et Dick Giordano, récit essentiel de 1973 (Batman #250) qui ne raconte que la manière dont des enfants imaginent Batman, se contente donc d’un sujet pour l’aborder vraiment bien, et bien sûr le Dark Night de Paul Dini.
Siegfried
« Le berceau » par Ertan Ergil et Ethem Onur Bilgic (Turquie)
Le berceau suit Batman en Turquie pour découvrir la vérité derrière une mystérieuse organisation expédiant des marchandises dangereuses, qui a causé beaucoup de problèmes à Gotham. Ergil nous fait découvrir rapidement certaines villes turques, le tout combiné aux dessins et à la colorisation sublime de Ethem Onur donne un récit intéressant. Seul bémol, l’enchaînement trop rapide des cases… Avec tout un rebondissement à la fin qui m’a vraiment plu. Ce serait assez bien de voir une intrigue comme celle-ci dans la série principal Batman.
Pelli
« Défenseur de la ville » par Tomasz Kolodziejczak, Piotr Kowalski et Brad Simpson (Pologne)
Un trio aux manettes de cette histoire avec le scénariste Tomasz Kolodziejczak, le dessinateur Piotr Kowalski ainsi que le coloriste Brad Simpson. Pour son entrée à Varsovie c’est Bruce Wayne qui rentre dans la danse et tente de négocier l’acquisition d’une entreprise. Finalement, l’intervention de Batman pour sauver la directrice change la donne et la vente est concluante. Malheureusement, rien d’exceptionnelle dans ce récit qui aurait mérité plus de pages, de cohérence et d’enjeux. Le rachat de la société se justifiant par un changement d’avis plutôt brutal de cette femme à la suite d’une agression et d’un sauvetage par Batman. Cet événement lui fait dire que finalement Wayne Entreprises est un bon choix car Gotham est plus sûr…trop léger. Dommage car le dessin et les couleurs font forte impression. Mais ça ne suffit pas.
Alexandra
« Funérailles » par Alberto Chimal et Rulo Valdés (Mexique)
J’ai beaucoup apprécié cette histoire haute en couleurs (au sens propre, la colorisation de Rulo Valdés est remarquable, très stylisée – on aime ou on n’aime pas), qui relève d’une certaine recherche dans l’originalité fantastique, dans l’imbrication entre le Mexique actuel et son passé chaotique.
En effet, Batman croise le fantôme d’une femme, en cherche l’origine, à la fois mystérieuse et quelque peu poétique. Le seul défaut que je pourrais y trouver, est un dessin un peu surchargé, surtout pour la densité des cases. Comme si le nombre de planches ne suffisait pas au récit…
Aliénor Drake
« Où sont passés les héros ? » par Carlos Estefan, Pedro Mauro et Fabi Marques (Brésil)
Lorsque Batman doit faire face à la corruption, au populisme violent et à la pauvreté, nous sommes à la fois dans un classique représentatif de notre héros, et dans une appropriation tout à fait exacte et légitime de Batman par les auteurs, au regard de leur pays. Nous ressentons, à travers ce court récit, le témoignage du virage politique et social que prend actuellement le Brésil. En quelques planches, Carlos Estefan, Pedro Mauro et Fabi Marques sont parvenus à m’émouvoir, car leur histoire est une sorte de déclaration d’amour à leur pays, mais aussi un véritable cri de détresse.
Aliénor Drake
« Muninn » par Inpyo Jeon, Park Jaekwang et Junggi Kim (Corée du Sud)
Les auteurs coréens de cet ouvrage nous mènent au sein d’une branche coréenne de Wayne Enterprises. On y découvre un nouveau costume très technologique de Batman dans une histoire touchante qui se permet même plusieurs rebondissements. Et tout cela en 12 pages seulement…
L’histoire nous permet de remettre en perspective les avancées technologiques et leur risquent dans nos sociétés de demain. Une belle idée de la part des auteurs. Des auteurs que l’on appréciera d’ailleurs de découvrir, notamment aux dessins avec un artiste comme Kim à la baguette !
Nico
« Batman et Panda Girl » par Xiaodong Xu, Ziaotong Lu, Kun Qiu et Nan Yi (Chine)
« Batman et Panda Girl » est probablement le pire récit de l’anthologie, qui comporte pourtant son lot de nouvelles décevantes. Imaginez Bruce Wayne vantant la fondue chinoise… pendant l’ensemble de la nouvelle, et découvrant avec horreur que Wayne Enterprises a racheté la rue du restaurant bien-aimé où il l’a découverte pour en faire vaguement une rue plus occidentalisée.
A priori pas de souci, Bruce n’a qu’à annuler la vente, n’est-ce pas ? Ou alors profiter du rachat précisément pour protéger le restaurant ? Eh non, il va tabasser brutalement ses propres employés quand ils viennent prendre possession du restaurant, attendant qu’ils soient tous à terre pour avoir l’idée de passer un coup de fil à sa propre boîte… Oh et il se fait vaguement aider par une admiratrice (il l’apprend quand elle remarque le masque de Batman qu’il posait en évidence sur sa table en mangeant), serveuse et championne d’arts martiaux, se déguisant en Robin sous le nom de Panda Girl, parce que bon, c’est la Chine hein.
L’intrigue est proprement hallucinante, le dessin est plutôt correct bien que les physionomies soient assez ratées, le lettrage est extrêmement amateurisant, essayant de combler des phylactères trop grands (sans doute adaptés plutôt au lettrage chinois) dans une police de mauvaise scanlation, et tout cela pour servir une morale un peu bizarre – Wayne Entreprises sont des méchants qui ne se soucient que d’argent, mais heureusement que Bruce Wayne est là pour préserver les restaurants de fondue auxquels il donne une bonne note sur Tripadvisor. Est-ce vraiment ce que l’on pouvait faire de mieux comme récit définitif pour représenter le génie chinois sur Batman ?
Siegfried
« La valeur d’un héros » par Yuichi Okadaya (Japon)
Au Japon, un journal vente le mérite de Batman via de nombreux dessins le représentant. Mais la police cherche à arrêter cette distribution car ce héros n’a pas sa place. Le dessinateur est donc poursuivi mais celui qui l’admire et qu’il représente sur papier n’est jamais très loin. L’artiste Yuichi Okadaya nous propose un début de récit intéressant avec notamment une notion de censure mais c’est loin d’être abouti. La rencontre entre le dessinateur et le Chevalier Noir est complètement raté, probablement dû à un manque de place (toujours cette limite des 12 pages).
Alexandra
Voilà pour notre review gobale de l’ouvrage Batman The World 🙂
Et vous ? Qu’avez-vous pensé de ces différents récits ? Laissez-nous vos avis dans les commentaires ci-dessous 😉
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