[80 ans Joker] Top 5 : Nos histoires préférées du Joker
Publié le 02 avril 2020 par Nico
Alors que nous fêtons actuellement les 80 ans du Joker avec une semaine de publication qui lui est dédiée (tous nos articles ici 😉 ), nous avons profité de l’occasion pour vous présenter, de manière très personnelle, nos meilleures histoires sur le Joker !
“Arkham Asylum” pour Aliénor Drake
Je me souviendrai toute ma vie de ma première lecture d’Arkham Asylum. Étant bibliothécaire, j’avais lu 3-4 classiques de Batman que possédait mon établissement, sur les conseils d’un collègue connaisseur ; c’était mes débuts en tant que fan du personnage que je découvrais. Et puis en cherchant tout ce que la bibliothèque avait sur ce sujet, je tombe sur ce titre, à la couverture surprenante. Il me faisait l’effet d’un ovni, comme un livre tiré d’outre-tombe. D’autant que, quand je le montre à mon collègue, il me dit, avec un air malicieux : “ah, oui, celui-là…”
Ni une, ni deux, je l’emprunte et lis les premières pages. La sensation qui m’envahit est étrange. Je suis novice dans l’univers de Batman. Je ne sais pas qui est ce petit garçon qui apporte à manger à sa mère alitée dont la bouche dégorge des cafards. Mais je suis captivée par ce style graphique, horrifique et raffiné. Les photographies de la vaisselle qui tombe des mains du pauvre garçon entrent dans ma tête comme les pensées de ce dernier. J’ai immédiatement l’impression de vivre son cauchemar.
Puis retour à la réalité. Batman, Jim Gordon, le Joker. Des repères. Une horloge, une maison d’horreur. Et finalement, un manège infernal, qui va m’entraîner dans les profondeurs sans fin de l’esprit des fous… et de mon inconscient. Le livre est court, mais la descente aux enfers est abrupte.
“Une maison sérieuse pour des troubles sérieux” est l’un des ouvrages les plus saisissants, les plus traumatisants, les plus beaux qui m’ait été donné à lire. J’ai été troublée des jours durant de cette lecture. Je la conseille aux fous pour s’y retrouver, aux gens sérieux pour s’y perdre et retrouver le droit chemin de la déraison…
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“Batman : Le Deuil de la Famille” pour Andresy
La première chose qui frappe, c’est la couverture. Toute droite échappée d’un film d’horreur, ou plutôt d’un comic horrifique. Un regard halluciné, pupille inhumaine. Et le visage agrafé sur une face écorchée.
Ce Joker là n’est pas à mettre en toutes les mains.
Scott Snyder ne fait pas les choses à moitié, et surtout, ne fait pas dans la dentelle. Après les deux premiers volumes du run, consacrés à la Cour des Hiboux, replaçant Gotham City sans doute plus que jamais comme un personnage, il signe un “retour” du Joker qui restera dans les annales.
Chaque auteur a décliné son “propre” Joker. Loin de l’allégorie psychiatrique de Morrison, à mille lieues du dandy défiguré de Burton, voici le Joker sans doute le plus malsain, le plus torturé, et certainement, un des plus fascinants.
A la lecture, on devine des inspirations assez modernes qui viennent amener leurs touches d’horreur, de sadisme, de masochisme aussi. Mélange de perversions qui ne pouvaient finalement que se réunir dans ce personnage unique. On y retrouve Hannibal Lecter, Jigsaw, le tueur de Seven. Et bien d’autres… Ce Joker condense les instincts psychopathes des plus grandes références de ces vingt dernières années.
Le récit prend aux tripes. Du début à la fin. Partagé entre un suspense savamment distillé, l’envie d’aller au bout, et le mal-être que la lecture provoque en nous. On reste hypnotisé et addict, salement addict, à un récit qui explore comme jamais la relation très trouble entre les deux personnages aux antagonismes parfois ténus.
Entre souffrance et folie, haine et attirance, ce Joker n’est plus le même, pour reprendre l’analyse fort pertinente d’Harley Quinn. Sans doute le pire de ce qu’il pouvait être. La plus sombre, folle et violente version de lui-même. Ou de nous-mêmes. Nous, qui élevons au rang d’icône ce genre de personnage qui repousse sans cesse les limites de ce que nous sommes prêts à lire, voir et entendre dans nos subconscients de lecteurs/spectateurs qui savons, au fond de nous, que la folie n’a pas de limite.
De mon point de vue, “Le Deuil de la Famille” est une des meilleures œuvres de Snyder. Capullo et Jock marient à un scénario parfait un graphisme et un encrage qui nous plonge dans un cauchemar. Le genre de cauchemar dont on est rassuré de se réveiller… en attendant d’y replonger avec délectation…. Fous que nous sommes.
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“Batman White Knight” pour Alexandra
Le nouveau classique écrit et dessiné par Sean Murphy peint un Joker comme vous ne l’avez jamais vu.
Le Joker, sans grande surprise, reste et restera mon vilain préféré tous univers confondus pour bien des raisons. Dans ce récit, ce n’est pas tant le Joker que l’homme qui se cache derrière le masque que l’on découvre. C’est donc un homme des plus mystérieux…
Batman White Knight raconte comment Monsieur J redevient Jack Napier, et ce dernier décide d’être le nouveau sauveur de Gotham City en accusant Batman d’être responsable des nombreux dommages collatéraux lors des combats. Ironique n’est-ce pas ?
Jack Napier surprend, car il est tout aussi intelligent que le Joker. Et oui, il est possible d’être empreint de folie tout en étant un véritable génie. C’est ce que démontre ce one-shot.
Pourquoi est-il mon récit préféré parmi des grands classiques comme Killing Joke ?
Tout simplement, car j’ai été bouleversée par ce personnage à travers le récit. Après tout, ne serait-il pas un homme comme les autres ? La rédemption est-elle possible ? Batman est-il si légitime que ça ? Toutes ces questions se posent au cours de la lecture et nous laissons une petite chance au Joker et à l’homme sous le grand sourire. Cette chance que je lui laisse est difficile. Une partie de moi s’en veut ! Car bien évidemment comment peut-on oublier toutes les horribles choses que le Joker a commises ?! Mais d’un autre côté Jack Napier semble vouloir se racheter et ses arguments sont plutôt convaincants. Ce déchirement est des plus perturbants mais l’expérience de lecture reste inoubliable. Et n’est-ce pas ce que l’on recherche à travers nos lectures comics ? La surprise et les sentiments qui en ressortent comme lorsqu’on a vu le Joker de Joaquin Phoenix ? Ce récit me rappelle à quel point la ligne entre le bien et le mal est fragile. Que nos avis, nos idéaux peuvent basculer à tout moment.
Alorsn si bien évidemment le Joker reste un personnage profondément “méchant”, il me fascine encore et toujours.
Ce récit met aussi en avant un élément central et indispensable au Joker : Harley Quinn. J’ai une pensée émue à Bruce Timm, qui l’a créée pour lui dans la série animée des années 90 : Batman The Animated Series. Selon moi, ils sont indissociables. Un récit remarquable du Joker est complété et sublimé par la présence d’Harley Quinn… et vice versa !
Sean Murphy fait honneur à l’ancienne psychiatre de l’asile d’Arkham. Elle est à la fois présente pour le Joker, intelligente, inventive et combattante ! Un duo gagnant et émouvant dans cette histoire qui m’a subjugué, je l’avoue.
Je pense que le rôle de Sean Murphy y est pour beaucoup aussi. Un artiste d’exception pour un comics qui est très vite devenu un classique et qui a fait le consensus autour de lui dès sa sortie.
C’est mon histoire préférée, car elle suscite de nombreuses questions, elle peint enfin une face humaine au Joker et met en valeur une relation dès plus complexe avec Mlle Quinn… un sans-faute selon moi !
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“The Dark Knight Returns” pour Siegfried “Moyocoyani” Würtz
Définir une « histoire préférée du Joker » est une tâche ardue, surtout quand il n’est pas si clair de distinguer « le meilleur Joker dans un récit » et « le meilleur récit avec le Joker ». The Killing Joke apparaît comme une évidence ; le clown fou est si central dans Joker que le titre vient assez vite à l’esprit également. Si j’ai trouvé des limites au White Knight, nul doute que son traitement du personnage est, jusqu’à un certain stade, l’un des plus habiles de ces dernières années. Et dans la fiction audiovisuelle récente, je serais très tenté de parler de celui du film Lego Batman. Mais fixons-nous sur un choix… et revenons sans surprise au fondamental The Dark Knight Returns de Frank Miller, dont le Joker est la némésis centrale de la chauve-souris dans le troisième fascicule.
Il apparaît catatonique, “presque comateux”, au début du récit. C’est que Bruce Wayne a depuis longtemps abandonné la cagoule, et que le Joker ne s’imagine pas semer le mal sans adversaire à sa mesure ; sans cet ultime adversaire dont l’existence lui donne tout son sens. Si le discours ridiculisant le Dr. Wolper (un nouveau Wertham bien sûr) et l’institution qui décide que sa libération lui fera du bien est une jolie attaque toujours d’actualité contre les “demi-sachants” récemment épinglés aussi par notre Président, rendre leur lien consubstantiel aussi littéral est particulièrement efficace… comme j’apprécie beaucoup qu’il ait la finesse de n’être pas réellement réciproque.
À l’instar de celui de Lego Batman (parlons-en quand même un peu !), le Joker est plus obnubilé par sa némésis que Batman par le clown, et il tente de prouver à quel point ils sont nécessaires l’un à l’autre quand le chevalier noir le redoute, mais sait combattre d’autres menaces, parfois plus grandes. Face à une aussi terrible force pour le Bien, il faut qu’il devienne Mal incarné, pas seulement un méga-gangster ou un fou qui aurait eu un mauvais jour, mais un monstre, tuant avec le sourire ceux à qui il doit sa sortie de l’asile et s’attaquant à un parc d’attractions bien sûr rempli d’enfants, symbole de la paix, de l’innocence et de la joie au cœur du combat de Batman et qu’il doit donc réfuter dans son combat métaphysique contre le super-héros.
Dans mon mémoire consacré à la figure du bouffon, je comparais le rôle du Joker à celui de l’amuseur du Roi tel qu’il existe chez Shakespeare, Hugo et Ghelderode, un autre versant de la sagesse préparant souvent la plus cruelle des blagues contre le monarque dont il est l’ombre : la Vérité sur lui-même. Ainsi est-il évidemment signifiant qu’un Joker élégant, presque « efféminé », force Batman à le suivre dans le « tunnel de l’amour », afin de l’y poignarder.
Ne pas y voir de symbole phallique serait s’aveugler sur la portée homoérotique de la violence qu’il souhaite infliger à son adversaire, lequel le repousse brutalement et redoute les témoins. Vaincu, il aime mieux se suicider afin de s’assurer de laisser une marque indélébile à son amant que d’être contraint de retourner platement à l’asile, dans une des “morts du Joker” ayant le plus de sens, pour parler de leur relation et dans l’économie générale d’un récit.
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“The Killing Joke” pour Nico
Comment ne pas évoquer The Killing Joke lorsque l’on me demande quelle est mon histoire préférée sur le Joker ???
S’en est presque trop facile… Notre premier article pour les 80 ans du personnage lui était d’ailleurs consacré (voir la critique de The Killing Joke par Andresy ici).
Mais je me souviens alors que je venais à peine de débuter la lecture des Comics dans l’univers de Batman, le nom de Killing Joke m’était déjà revenu aux oreilles à plusieurs reprises… C’est que lorsque l’on demande des conseilles de lectures autour du Batverse, vous avez 9 chances sur 10 pour que votre interlocuteur y intègre ce récit à sa liste ! Comment pourrait-il en être autrement ?
En 48 pages à peine, le Joker se montre d’une cruauté incroyable (désolé Barbara) face à un Batman incapable de répandre sa justice tant que l’homme au sourire n’en a pas décidé autrement. Et pour ne rien gâcher au plaisir, nous en apprenons plus sur les origines de ce personnage si mystérieux qu’est le Joker grâce à des flashbacks insérés minutieusement dans le récit…
The Killing Joke, c’est LE récit qui montre toute la folie du Joker. Tous les éléments qui définissent le Joker dans sa relation au monde qui l’entoure y sont présents. Et que dire de sa relation à Batman…? Qui atteint son apogée dans un final qui n’a de cesse de faire parler. Je me souviens encore, alors que je découvrais dévorais ce récit à une vitesse folle, m’être arrêter à plusieurs reprises pour contempler le travail de ces artistes incroyables et me délecter de chaque détail et de chaque dialogue comme il se doit (nous avons tout de même Alan Moore au scénario et Brian Bolland aux dessins).
C’est très court, mais mon dieu que c’est bon ! Un récit que je n’ai de cesse de (re)lire à chaque fois que j’en ai l’occasion… Pas vous ?
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Même s’il est toujours difficile de ne ressortir “que” certains récits dans un univers aussi vaste que celui du Batverse, nous avons voulu vous présenter de la façon la plus personnelle qui soit notre amour pour une histoire du Joker.
Vous aussi, vous avez une histoire préférée du Joker ? C’est le moment de nous en parler dans les commentaires ci-dessous 😉
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Salut, alors pour ma part je suis d’accord avec andresy ” le deuil de la famille “.
C’est le premier récit complet que j’ai lu sur le joker(et oui je suis un tout nouveau bat-fan ), disons que j’ai apprécié tout le côté ambigu sur la relation entre le clown du crime et le croisé à la cape.
Après, j’ai lu d’autres récits : l’homme qui rit, des récits de Steve Englehart… Et en relisant ce comics, j’ai vu des références à tout cela.
D’ailleurs, c’est que je trouve impressionnant dans le travail de Scott Snyder, il crée son histoire sans pour autant laisser de côté l’excellent travail de ses pairs sur le personnage.
Ce qui nous donne des points de repères sur le joker et cela nous donne même envie de revenir lire les comics qui y font référence.
Voilà, au plaisir de partager un futur avis
Oui c’est un super récit, tu parles de Dark Detective par Steve Englehart, j’aurai pu le citer aussi, il est top ! 🙂
Un peu facile et récent (j’adore Arkham Asylum et The Killing Joke — moins les 3 autres)
No love for =
– Spectre 51 (Moench-Mandrake) ou le Joker prends la place du Spectre
– Harley Loves Joker (Palmiotti-Conner)
– Le Dark Prince Charming de Marini ?
– The Laughing Fish (Englehart-Rogers)
– Joker (Azza+Bermejo)
bonne lecture ^^
Toujours difficile de ne choisir “qu’un” titre :/
Si tu dois n’en choisir qu’un pour toi ce serait lequel du coup dans ta pré-sélection des 5 ci-dessus ? 🙂